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Emploi à vie ? Quelle idée !

Macron n’aime pas les fonctionnaires

Jean-Patrick Clech Emmanuel Macron, l’ex-banquier devenu ministre de François Hollande, vient de montrer, à nouveau, combien il était de gauche. De gauche à la façon d’un Tony Blair ou d’un ministre du Pasok du temps du gouvernement Papandréou.

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Dans le cadre d’un débat censé être confidentiel organisé par le « think tank » En temps réel, vendredi dernier, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, a eu cette brillante réflexion : le statut de fonctionnaire ne serait « plus adéquat » ni même « justifiable compte-tenu des missions ». On serait ainsi en train d’entrer « progressivement (…) dans une zone - on y est déjà d’ailleurs - où la justification d’avoir un emploi à vie garanti sur des missions qui ne le justifient plus sera de moins en moins défendable ». Le ministre de se justifier, dans la foulée : qui mieux qu’un (haut-)fonctionnaire peut parler de ses collègues ?

En service commandé par son Premier ministre, Macron ? Ou a-t-il tout simplement dit tout ce qu’il avait sur le cœur ? On se souvient qu’il y a trois semaines, à la fin de l’été, à l’université du Medef, Macron s’était fendu d’une plaidoirie contre ces affreuses 35 heures qui verrouillent l’économie française et qui empêchent les capitaines d’industrie de s’épanouir pleinement. Succès garantie côté patronal, on imagine. Dans la foulée, il avait été recadré par Manuel Valls qui s’était attribué un moment de social-démocratie comme on n’en fait plus, lançant aux journalistes puis aux élus socialistes rassemblés à La Rochelle que les 35 heures, « on n’allait pas y toucher ». Tout le monde avait bien compris, alors, que la macronnade du ministre avait été planifiée à l’Elysée et à Matignon et ne servait que de test.

Il en va sans doute de même pour cette dernière déclaration et des démentis qui s’en sont suivis. Hollande s’est empressé de déclarer qu’il était « attaché » au « statut de fonctionnaire », ce qui n’engage à rien, laissant cette fois-ci à sa ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, la « gauche du gouvernement », le soin de déclarer lundi matin sur Europe 1 qu’il « faut être extrêmement prudent, parler le moins possible, et ne pas oublier qu’y compris dans un petit groupe de réflexion il y a toujours quelqu’un pour reprendre une phrase que vous avez jetée ». Macron le savait parfaitement. Il n’a besoin d’aucune leçon de com’.

Hollande est impopulaire, mais il n’est pas sot. Son équipe resserrée, qui n’a qu’une idée en tête, faire parvenir le champion au seuil des présidentielles de 2017, sans primaire, de façon à ce qu’il soit le « candidat naturel » de la gauche, n’aurait pas laissé passer à deux reprises un couac de cette nature s’il n’avait été savamment orchestré.

Macron et ceux dont il se fait le portevoix n’aiment pas les fonctionnaires. Dont acte. Le seul problème, c’est que jusqu’à présent, ceux qui sont censés représenter les intérêts des fonctionnaires ne leur ont que très peu rendu la monnaie de leur pièce. Pendant toute la première période du quinquennat, les fédérations syndicales de la fonction publique se sont surtout consacrées au petit jeu de la concertation et de la discussion, quand elles n’ont pas directement coécrit certaines réformes avec le gouvernement, à l’image de la FSU, première fédération chez les enseignants. Aujourd’hui encore, alors que le gouvernement a lancé, sur initiative de Lebranchu, le PPCR, le protocole d’accord sur les Parcours Professionnels, les Carrières et Rémunérations, sorte de coup de Trafalgar contre les trois fonctions publiques que seul un gouvernement « de gauche » aurait pu imaginer, voilà que tout le monde s’apprête à s’asseoir autour de la table.

Non. Il est temps de faire cesser toutes ces macronneries. Pour cela, il faudrait que les travailleurs du public, toutes fonctions confondues, titulaires et précaires, se mettent en ordre de bataille. Pour faire comprendre à tous ces ministres qu’ils vont bientôt entrer « progressivement » dans « une zone » de turbulence.


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