En avril 2012, dans l’entre-deux tours de la présidentielle, plusieurs centaines défilent, sirènes hurlantes et en uniforme, sur les Champs-Élysées. Ils manifestent de nuit contre la mise en examen d’un gardien de la paix, Damien Saboundjian, pour homicide volontaire dans le cadre de l’affaire Amine Bentounsi, abattu quelques jours auparavant à Noisy-le-Sec.

En cavale à la suite d’une permission de sortie, condamné en 2005 à huit ans de réclusion pour braquage de supermarché, Bentounsi avait été dénoncé le 21 avril 2012 et repéré devant un bar de Noisy. Poursuivi par la police, il tente de fuir mais tombe, quelques minutes plus tard, sur l’un des policiers à sa recherche. Ce dernier, Saboundjian, dit avoir été « pris de panique » car il aurait été mis en joue par Amine Bentounsi. L’enquête dira en réalité que Bentounsi était bien armé au moment des faits mais que les policiers ne le savaient pas et qu’à aucun moment Bentounsi n’a montré son arme. Le gardien de la paix tire quatre balles dans sa direction. Amine en reçoit une dans le dos. Elle lui sera fatale. C’est donc à la suite de ce meurtre que les flics descendent dans la rue. En janvier 2016, près de quatre années plus tard, le policier a été acquitté par le tribunal de Bobigny. La justice, dirigée à l’époque par Christiane Taubira, sait se montrer compréhensive.

Permis de tuer, permis de manifester avec son arme de service : les socialistes savent rendre de fiers services à la police. Qu’ils ne se plaignent pas, par la suite, si cette dernière vote massivement pour l’extrême droite. Dans d’autres situations historiques, c’est ce genre de scénarios qui ont fait le terreau de toute sorte de complots et de coups tordus au sein des forces de « sécurité ». Hollande, Valls, Cazeneuve et Urvoas feraient bien de revoir leurs classiques.