Tout a commencé en février dernier, quand l’entreprise demande le licenciement de Yasin Leguet pour fautes graves. Selon la direction de l’entreprise, celui se serait rendu coupable d’insultes envers le directeur de Marks & Spencer France (sur la page Facebook de son syndicat) et d’avoir agressé verbalement et physiquement sa supérieure hiérarchique. Une accusation basée sur le seul témoignage de la supérieure elle-même et qui contraste largement avec la version de l’intéressé : « A cette époque, je savais que j’étais sur la sellette et je faisais très attention, mais ce jour-là, j’ai commis l’erreur de me rendre dans son bureau sans être accompagné, raconte Yasin Leguet. Le ton est monté, en sortant du bureau, je lui ai marché sur le pied involontairement. L’agent de maîtrise présent a subi des pressions pour écrire que j’avais fait un croche-pied. J’ai demandé les images d’une caméra de vidéosurveillance placée à cet endroit, mais la direction ne les a jamais produites ». L’inspection du travail, avait d’ailleurs à l’époque invalidé le licenciement car l’accusation d’agression n’avait pas de preuves matérielles solides et les insultes ne pouvaient être imputées directement au délégué. L’entreprise a alors déposé un recours auprès du ministère du travail. Ce dernier avait 4 mois pour donner suite à l’affaire. Mi-octobre (dernier délai pour une décision de licenciement) aucune poursuite, l’affaire est close pense le syndicaliste. Mais le 8 novembre, quand la direction annonce la fermeture de 7 magasins, le ministère du travail décide de rouvrir le dossier, qui aboutira le 26 décembre au licenciement du délégué.

Le vrai tort de Yasin Leguet, aux yeux de la direction, c’est surtout celui de s’être illustré comme un syndicaliste combatif depuis plusieurs années. Comme le raconte Eric Scherrer, responsable du syndicat Seci-Unsa « Il a lancé trois grèves sur les salaires qui ont été bien suivies, il est devenu la bête noire de la direction et les avertissements se sont multipliés alors qu’il n’en avait jamais eu avant son mandat ». Un syndicaliste combatif qui devenait particulièrement dérangeant pour la direction de l’entreprise qui veut fermer 7 magasins en France et alors même que le groupe restait bénéficiaire au deuxième semestre 2016.

Une volonté de licencier en toute impunité facilitée une fois de plus par l’action du gouvernement et sa ministre du Travail, Myriam El Khomri. Après Goodyear, Sodexo et Air France, cette affaire vient rajouter un nouveau cas à la longue liste des licenciements autorisés par le ministère du Travail de représentants du personnel contre l’avis de l’inspection du travail. Face aux licenciements et la répression syndicale, il est grand temps de relever la tête et de nous organiser.