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Université d'été de RP

Meeting de rentrée de RP : face à l’accélération de la lutte de classe, l’urgence d’un parti révolutionnaire

Ce vendredi, c’est dans une ambiance électrique que près de 750 jeunes et travailleurs étaient réunis pour le meeting de rentrée de Révolution Permanente. Un meeting réussi qui a posé, à l'aune de l'accélération de la lutte de classe, la nécessité brûlante d'une organisation révolutionnaire qui soit à la hauteur de la situation.

Gabriella Manouchki

26 août 2023

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Meeting de rentrée de RP : face à l'accélération de la lutte de classe, l'urgence d'un parti révolutionnaire

Au cœur d’une université d’été riche en discussions et débats politiques, et au lendemain d’une première table ronde du Réseau pour la grève générale, Révolution Permanente a tenu vendredi soir son meeting de rentrée politique. À la tribune, des militants qui, de la grève des raffineurs, à l’immense mouvement contre la réforme des retraites, en passant par la révolte des banlieues, sont intervenus dans les différents moment de la lutte de classe, illustrant la détermination d’une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes prêt·es à en finir avec un système qui n’a rien d’autre à offrir que la crise, la guerre et la répression.

Une rentrée sous le signe de l’internationalisme et de l’anti-impérialisme

Alors que la crise s’approfondit à l’échelle internationale, semant sur son chemin la misère, la guerre et la crise climatique qui assèche et brûle la planète, Révolution Permanente ne pouvait faire sa rentrée sans rappeler le caractère résolument internationaliste de sa lutte contre le capitalisme. À ce titre, le meeting s’est ouvert avec les salutations de Myriam Bregman, dirigeante du PTS - parti frère de Révolution Permanente en Argentine. Alors que l’extrême-droite du libertarien Javier Milei vient d’arriver en tête des élections primaires, la député du PTS représentera le Frente de Izquierda - Unidad, seule coalition de gauche en lisse pour les élections générales qui se tiendront en octobre. « Nous avons suivi chacune des batailles que vous avez menées dans la lutte contre la réforme des retraites de Macron, qui a représenté l’un des points les plus avancés de la lutte des classes à l’échelle internationale. Avec tous les militants de notre organisation internationale, nous vivons chaque bataille et chaque pas que fait Révolution Permanente en France comme la part d’une lutte commune pour refonder l’internationale de la révolution socialiste, la IVè Internationale. ».

Elsa Marcel, avocate révolutionnaire formée la chaleur de la lutte des classes, au côté des grévistes et de la jeunesse des quartiers populaires, a ensuite planté le décor. « Il y a des moments où l’histoire s’accélère, et il me semble qu’on peut prendre la mesure de ce à quoi on a été confrontés cette année : un concentré de lutte des classes, de crise politique et de radicalisation autoritaire, sur fond de déclin accéléré de l’impérialisme français. ». Une intervention qui a mis en évidence la continuité entre la répression du mouvement contre la réforme des retraite, le carnage policier et judiciaire qui s’est abattu sur la jeunesse révoltée dans les banlieues et, aujourd’hui, les sanctions et les velléités d’intervention militaire de la France au Niger à travers la Cédéao. « Si Macron est aussi déterminé à se battre, c’est parce que ça craque de partout. De Nanterre à Niamey, qu’on scande Macron démission, Justice pour Nahel, ou France dégage, c’est la même colère contre un régime pourrissant qui s’exprime. En tant qu’internationaliste, on le dit et on le redit, ici il n’y a aucun patriote, on ne répondra jamais aux appels à l’unité nationale dans lesquelles convergent toutes les forces politiques institutionnelles, et notre boussole politique elle est claire : troupes françaises hors d’Afrique, à bas la Françafrique, à bas l’impérialisme français ! » Une intervention qui s’est terminée par un message de soutien envoyé à Geoges Ibrahim Abdallah, plus ancien prisonnier politique d’Europe détenu à Lannemezan, symbole de la détermination de l’État français à effacer toute trace de la tradition militante anti-impérialiste.

Salvador, militant du Corriente Revolucionario de los Trabajadores - organisation soeur de Révolution Permanente dans l’État espagnol, est revenu sur la nécessité de construire une organisation internationale : « Notre lutte ne part pas de zéro, on prend toutes les leçons et les enseignements de plus de 200 ans d’histoire du mouvement ouvrier, de nos luttes et de nos défaites à travers le monde ». C’est avec fierté que les délégations internationales présentes à l’Université d’été ont ensuite été appelées sur scène pour célébrer un moment résolument internationaliste. Parmi elles, des militant·es de la Fraction Trotskyste - Quatrième Internationale venu·es de l’État Espagnol, d’Allemagne, d’Italie, d’Argentine, du Mexique et des États-Unis, mais aussi des délégations du parti anticapitaliste suisse Solidarités ainsi que du groupe sud-coréen March To Socialism.

Après une année de lutte de classes, se préparer aux batailles à venir

Alors que l’université d’été rassemble des travailleurs de nombreux secteurs, comme les transports, la pétrochimie, le nettoyage et l’éducation, ainsi que de nombreux jeunes qui se sont battus à leurs côtés ces derniers mois, le bilan de la réforme des retraites à traversé l’ensemble des interventions. Comme l’a expliqué Elsa, « c’est le mouvement ouvrier dans toute sa diversité qui est descendu dans la rue, c’était la contestation de toute l’injustice d’une vie perdue à la gagner ». Un retour du mouvement de masse qui a marqué par la profondeur de son ancrage sociale et par des traits de radicalité qui constituent un point d’appui important pour unifier les différents secteurs de notre classe dans le cadre des batailles à venir.

Dans le même temps, comme l’ont souligné Ariane Anemoyannis, porte-parole du Poing Levé, et Sasha Yaroplskaya, porte-parole de Du Pain et Des Roses, ce sont des milliers de jeunes, de femmes, de LGBT qui ont fait l’expérience de la puissance de feu de la classe ouvrière et qui ont décidé de se mobiliser, non seulement pour le retrait de la réforme, mais aussi pour bien plus : pour une vie qui mérite d’être vécue, débarrassée des violences qu’inflige le système capitaliste, et sur une planète viable.

Pourtant, force est de constater la défaite. Alors, pourquoi ? Et comment gagner ? « Pour nous la victoire, c’est un problème de stratégie », ont martelé les intervenant·es. Face à une situation qui s’accélère sur le plan international comme au niveau national, dans une époque de crise et de guerre, il est urgent de tirer le bilan de la stratégie de l’intersyndicale qui nous a mené dans le mur et, plus largement, de la stratégie qui consiste à nous renvoyer à la seule perspective de l’élection d’un gouvernement de gauche.

Face à l’urgence climatique et à l’État français qui utilise des armes de guerre contre les manifestants à Sainte-Solline, Ariane Anemoyannis a défendu la nécessité de forger une jeunesse révolutionnaire : « Au Poing Levé, on pense qu’on peut pas se permettre de patienter quatre ans pour mettre un bulletin dans l’urne et espérer que la gauche nous aide à vivre mieux sous le capitalisme. Pour nous, le rôle de la jeunesse n’a jamais été et ne sera jamais celui d’être la matière première d’une machine électorale qui a pour référence ces gauches qui en Grèce, dans l’Etat espagnol et au Chili, nous ont démontré à chaque fois que le réformisme ça n’est rien d’autre qu’une utopie qui nous condamne à la trahison, au désespoir et la démobilisation. ».

Dans le même sens, après être revenue sur l’offensive anti-trans et la montée de l’extrême-droite en France comme à l’internationale, Sasha Yaropolskaya concluait : « Il nous faut un mouvement féministe et LGBT radical, qui rompe avec le réformisme, qui rompe avec les illusions institutionnelles, qui revient à ses racines révolutionnaires, à celles des révoltes anti-policieres de Stonewall, à celles du mouvement LGBT pro ouvrier en France après 68. »

La nécessité d’un programme et d’un parti pour la révolution

Pour faire face à la situation, les différents intervenants ont défendu tout au long du meeting la nécessité d’un programme remettant en question la propriété privée capitaliste et les oppressions qui divisent notre classe. Un programme qui intègre des revendications telles que la retraite à 60 ans pour toutes et tous et sans condition d’annuités, des augmentations de salaires et leur indexation sur l’inflation, la fin de la sélection à l’université, ainsi que l’ouverture des frontières, la régularisation de tous les sans papiers, des moyens massifs pour garantir les droits des femmes et des minorités de genre, ou encore le départ de toutes le départ des multinationales de toutes les anciennes colonies.

Un programme qui, pour exister, doit se matérialiser au travers la construction d’un parti révolutionnaire, à même de mener la bataille contre le gouvernement et sa police, mais aussi contre les directions bureaucratiques des syndicats et des mouvements sociaux. « Il faut qu’on construise une organisation révolutionnaire avec une influence de masse qui fera trembler tous ces réactionnaires, tous ces fachos, tous ces guignols qu’on voit dans la rue et à la télé mais aussi à l’Assemblée nationale, au Sénat et à la présidence de la République ! », concluait Sasha Yaropolskaya.

Ariane Anemoyannis a fini son intervention en s’adressant à la jeunesse : « À tous ces bourgeois qui nous ont fait croire que militer pour la révolution c’était la promesse d’une vie aliénante au service d’un projet irréalisable, je peux vous assurer du haut de mes cinq ans de militantisme, que dans un monde fait de misère et de souffrance, militer est la plus belle manière de donner du sens à sa vie en faisant en sorte que celle de tous vaillent la peine d’être vécue. ».

En conclusion du meeting, Anasse Kazib a invité toute l’audience à rejoindre le combat de Révolution Permanente pour la construction d’un parti révolutionnaire à la hauteur de la situation. « Cette université d’été est d’une certaine manière un embryon de ce que serait un parti révolutionnaire qui compterait en son sein l’ensemble de la jeunesse révolutionnaire et l’ensemble du prolétariat des grands secteurs du mouvement ouvrier mais également des secteurs plus précarisés du monde du travail qui s’organise et réfléchisse ensemble pour en finir avec le capitalisme et construire un monde meilleur, celui du communisme. »