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L’ensemble de la fonction publique était appelée par l’intersyndicale à se mobiliser ce mardi pour réclamer une hausse générale des rémunérations et « l’arrêt d’une politique destructrice » du service public. Le secteur de la fonction publique emploie en France 5,5 millions de personnes, et des préavis ont été déposés dans ses trois principales franges, État, territoriale, hospitalière. Plus de 80 rassemblements ont eu lieu dans toute la France dans des villes comme Strasbourg, Rouen ou encore Bordeaux.

Cette mobilisation était particulièrement attendue par les soignants qui dénoncent les insuffisances des mesures issues du Ségur de la santé et le mépris du gouvernement. Le dégel du point d’indice de la fonction publique était au cœur des revendications de la journée. En effet le point d’indice, gelé depuis 2010, sert à calculer les rémunérations des agents. Pour Mireille Stivala de la CGT-Santé, « cette mesure a engendré des inégalités » que le Ségur n’a en rien corrigé.

Les sections syndicales de soignants pointent donc la nécessité urgente de revaloriser les rémunérations et conditions de travail afin que l’hôpital public soit de nouveau attractif. C’est en effet l’une des angoisses majeures : depuis la crise sanitaire, l’hôpital se vide de ses agents, fuyant l’institution qui s’écroule sous le poids des réformes austéritaires. Le jeu des primes et des statuts qu’ont imposé les mesurettes du Ségur de la Santé n’ont fait qu’aggraver encore la situation sur ce plan. Ainsi, ce sont près de 34 000 infirmiers qui manqueraient sur le territoire d’après un syndicaliste SNPI interrogé par L’Express.

Les agents territoriaux étaient également mobilisés, alors qu’ils luttent dans toute la France contre les effets de la réforme de la fonction publique de 2019, qui implique la suppression des régimes dérogatoires aux 35 heures existant dans certaines communes territoriales. Suite à sa mise en application, plusieurs journées de mobilisation ont été organisées ces dernières semaines, pour protester contre la destruction des acquis sociaux qu’elle engendre. Les agents de la Ville de Paris se sont donc logiquement rendus eux aussi à la manifestation du 15 juin, en scandant "à l’extérieur y’a trop de chômage, à l’hôpital y’a trop de travail !"

Cependant, cette journée d’action n’a pas réussi à mobiliser massivement dans les différents rassemblements. Une difficulté qui s’explique par la lassitude des journées d’actions sans lendemain auxquelles les directions syndicales nous ont habitué. Dans le contexte de crise actuel, les journées "sautes-moutons" n’offrent pas de perspectives assez larges qui permettraient de mobiliser les différents secteurs qui sont aujourd’hui attaqués.

Et la division sectorielle s’est également exprimée au sein du cortège parisien, puisque les soignants et agents territoriaux, pourtant rassemblés au même endroit, ont finalement manifesté séparément. C’est ce que dénonçait Harald, serrurier au service patrimoine et logistique au département de l’espace vert et de l’environnement, au micro de Révolution Permanente : "Il n’y a pas eu d’appel clair et net des organisations syndicales de la Ville de Paris pour se joindre à la manifestation. On a un cortège disparate, et ça pose quand même quelques questions sur le mouvement".

Les revendications portées pendant cette journée d’action ne pourront obtenir satisfaction qu’au travers d’un véritable rapport de force contre le gouvernement. A ce titre, l’heure est au dépassement des mobilisations corporatistes, et à la constitution d’un plan de lutte d’ensemble, pour refuser de payer une crise qui n’est pas la nôtre !