Crédits photo : AFP/Bertrand Guay

Un rapport d’expertise commandé par les magistrats à des médecins belges à l’été 2020 a affirmé qu’une « immobilisation par contention » expliquerait la mort d’Adama Traoré. C’est la première fois qu’un rapport commandé par la justice converge avec les rapports commandés par la famille et contredit les précédentes expertises qui ont voulu faire croire qu’Adama Traoré était due à des maladies et n’avait aucun rapport avec l’intervention des gendarmes.

Comme l’explique le Comité Adama sur Twitter, le rapport démonte l’incohérence de nombreux témoignages. Ainsi, les gendarmes affirment qu’Adama s’est débattu lors de son interpellation alors qu’un témoin affirme qu’il était déjà essoufflé et fatigué lorsqu’il est arrivé devant son appartement. Par ailleurs, les experts belges jugent le témoin « clé » de l’affaire « vague et peu contributif ». Ils concluent que les gendarmes ont menti sur l’état d’Adama Traoré après son interpellation, le rapport exprimant « un doute sérieux sur l’état de monsieur TRAORE tel qu’il est décrit au sortir de l’appartement ».

Selon L’Obs, le rapport explique que par rapport au « syndrome asphyxique », « seule la notion d’au moins une phase d’immobilisation avec contention [...] est susceptible de fournir une piste d’explication ». Les experts ajoutent : « On peut penser que monsieur Adama Traoré se trouvait - au moment de l’application des manœuvres de contention - dans une situation d’hypoxie [manque d’oxygène, NDLR] sérieuse à laquelle la procédure d’immobilisation pour placement de menottes dans le dos a vraisemblablement contribué. » Par ailleurs, la rapport ajoute que « ce qui pourrait être en cause ici est une asphyxie par contrainte, ou asphyxie de contention. » Ils finissent en affirmant que « sans l’application de ces manœuvres de contrainte », « on peut penser que monsieur Traoré n’aurait pas présenté l’évolution dramatique constatée ensuite ». En définitive, le rapport prouve bien que sans le plaquage ventral pratiqué par les gendarmes, Adama Traoré ne serait pas mort. Ils ajoutent que le « coup de chaleur » développé par Adama Traoré n’a pas pu causer à lui seul sa mort.

C’est donc la première fois que la version de la famille Traoré est confirmée par un rapport commandé par la justice et que la culpabilité des gendarmes est prouvée scientifiquement. Il aura fallu cinq ans pour que cette version soit reconnue, cinq ans de combat acharné pour la famille Traoré et en particulier Assa Traoré, la soeur d’Adama, devenue figure de la lutte contre les violences policières.