24 jours après le début du conflit opposant l’Israël à la Palestine, l’ONU a annoncé l’arrivée ce lundi 30 octobre de 33 camions transportant de l’aide humanitaire, au lendemain de pillages d’entrepôts et de centre de distribution alimentaire. Alors que de violents combats au sol ont lieu dans la bande de Gaza où Tsahal a commencé son invasion terrestre ce week-end, la situation humanitaire à Gaza a conduit l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à sonner l’alerte, affirmant que le territoire était au bord d’un « écroulement de l’ordre public ».

Plusieurs scènes de pillages alimentaires dans des entrepôts, tandis que l’acheminement de l’aide humanitaire est insuffisant

« Les gens sont effrayés, frustrés et désespérés » rapporte Thomas White, directeur des opérations de l’UNRWA à Gaza, relatant les scènes de pillage qui ont eu lieu ces derniers jours dans les centres de distributions et entrepôts humanitaires du territoire. Selon l’agence, plusieurs milliers de Gazaouis auraient pénétré ces centres afin d’y dérober de la farine de blé, des produits d’hygiène et d’autres articles de première nécessité.

Ces pillages qui ont eu lieu dans les zones centrale et méridionale de Gaza, notamment à Deir el-Balah (centre), sont « un signe inquiétant que l’ordre public commence à s’écrouler après trois semaines de guerre et un strict siège sur Gaza », pour le directeur de l’UNRWA. Soumis à un blocus de l’Etat israélien depuis 2007, la bande Gaza subit un état de siège depuis le 10 octobre, privant les 2,4 millions d’habitants d’aide humanitaire mais aussi d’eau et d’électricité.

« Les approvisionnements sur le marché s’épuisent tandis que l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza par camions en provenance d’Egypte est insuffisante. Les besoins de la population sont énormes, ne serait-ce que pour les moyens de survie de base, alors que l’aide que nous recevons est maigre et incohérente » annonçait Thomas White, alors que plus de 30 camions d’aide humanitaire ont pu rentrer dans Gaza ce dimanche.

Ce convoi, qui constitue le plus important ayant pénétré dans l’enclave, a fait monter à 117 le nombre de camions humanitaires entrés à Gaza depuis le 21 octobre, date de la reprise limitée de l’acheminement de l’aide humanitaire. Une aide qui reste largement insuffisante selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), qui affirme, dans un rapport publié ce 30 octobre, qu’il faudrait au minimum cent camions par jour pour faire face à l’ampleur du désastre humanitaire.

Selon l’ONU, plus de 1,4 million de personnes sont déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza. Près de la moitié d’entre elles, soit 670.000 gazaouis, auraient trouvé refuge dans les 150 abris d’urgence surpeuplés de l’UNRWA. Le total de réfugiés qu’accueilleraient ces abris serait trois fois supérieur à la capacité d’accueil prévue. Des chiffres révélateurs de l’ampleur de l’offensive menée par Israël et du drame qui se joue avec la complicité des puissances impérialistes, dont le soutien au passage de l’aide humanitaire masque l’appui inconditionnel à Israël et sa politique génocidaire.

67% des 8.000 morts palestiniens seraient des femmes et des enfants

L’OCHA note également que des milliers de bâtiments du territoire ont été rasés depuis le début du conflit. Par ailleurs, plusieurs hôpitaux ont une nouvelle fois subi de nombreux dommages cette fin de semaine, du fait de bombardements ayant eu lieu dans leurs environs, alors que l’armée israélienne a ordonné à plusieurs reprises l’évacuation des 10 hôpitaux du Nord et de la ville de Gaza.

L’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) a pourtant rappelé « qu’il est impossible d’évacuer les patients sans mettre leur vie en danger », d’autant que les infrastructures hospitalière, sommées d’être évacuées par l’Israël, abritent « des milliers de patients et de membres du personnel médical, ainsi qu’environ 117.000 personnes déplacées » d’après le ministère de la santé de Gaza.

Depuis le 27 octobre, l’armée israélienne a fortement intensifié ses offensives aériennes et terrestres contre l’enclave palestinienne. « Plus de 600 cibles » ont été frappées le 29 octobre, annonçait lundi . Tsahal. Le même jour, des dizaines de chars ont également été aperçus aux abords de la ville de Gaza, soit entre 1,5 à 2 km à l’intérieur du territoire contrôlé par le Hamas, d’après l’AFP.

Une situation dans le cadre de laquelle le nombre de morts est entrain d’exploser. Selon le ministère de la santé de Gaza, 302 palestiniens ont été tués en moins de 24 heures, entre le 28 et le 29 octobre, portant à « 8.005 le nombre cumulé de morts à Gaza depuis le début des hostilités, dont 67 % seraient des enfants et des femmes ». De quoi souligner l’ampleur du drame auquel le peuple palestinien fait actuellement face, face auquel il est de notre devoir de construire la solidarité la plus large et massive possible.

En ce sens, des centaines de milliers de personnes dans le monde ont manifesté ces derniers jours. Une dynamique à poursuivre et prolonger, en toute indépendance des Etats impérialistes, et sans illusion sur les institutions internationales comme l’ONU qui, tout en jouant un rôle humanitaire à Gaza, ont montré ces dernières décennies l’impasse qu’elles représentaient pour l’auto-détermination du peuple palestinien.