D’abord condamnés à verser des amendes respectives de 16.670€ et 8.380€, l’ancien président polynésien et sa compagne avaient décidé de faire appel, jugeant qu’ils n’étaient pas coupables du vol de la vaisselle dont ils étaient accusés, puisque selon-eux : « la vaisselle n’appartient pas au pays » car « le pays ne l’a pas payée ». Mais cette histoire, ne nous y trompons pas, n’est en rien une « simple histoire de vaisselle ». Elle donne un exemple, une fois de plus, d’une classe politique corrompue, que ce soit en métropole, dans les DOM TOM ou dans les collectivités d’outre-mer comme la Polynésie : même personnages politiques véreux, mêmes magouilles au détriment du contribuable.

Car loin d’en être à sa première histoire de corruption, Gaston Flosse est un véritable collectionneur d’affaires judiciaires : corruption, détournements de fonds publics, trafic d’influence, faux et usage de faux, achat de votes, emplois fictifs et mise en cause dans la « disparition inexpliquée » - entendez l’assassinat - d’un journaliste qui enquêtait sur ses affaires financières. Mais, pendant 20 ans, le « Vieux Lion » a réussi à faire annuler l’intégralité de ses peines d’inéligibilité et à conserver ses mandats... jusqu’en septembre 2014. Mis bout à bout, c’est 5 ans de prison ferme, 5 ans et 3 mois de prison avec sursis et 8 ans d’inéligibilité qui ont été prononcés contre l’ancien président, et dont il a systématiquement réussi à s’extirper.

Parmi les affaires juteuses dans lesquelles il a trempé, la plus importante est celle qui concerne l’attribution de marchés publics aux entreprises de l’homme d’affaires Hubert Haddad. Ainsi, entre 1993 et 2005, l’homme d’affaire a remporté les marchés publics relatifs à l’Office des postes et télécommunications, à la compagnie aérienne Air Tahiti Nui et à la chaîne Tahiti Nui Télévision, en échange de quoi il a versé 1,2 million d’euros à Gaston Flosse. Condamné en 2013 à 5 ans de prison ferme et 5 ans d’inéligibilité pour « trafic d’influence passif et corruption active », l’ancien président a fait appel… et l’affaire est toujours en cours.

En tant que bon politicien corrompu, Gaston Flosse ne déroge pas aux incontournables pratiques : la mise en place d’emplois fictifs. Au total, ce sont plus de 100 personnes qui ont bénéficié d’un emploi fictif à la présidence de la Polynésie ou servant directement les intérêts de son parti politique… et là encore, la peine de 4 ans de prison avec sursis et de 3 ans d’inéligibilité n’a pas été appliquée.

Il est inutile de dresser ici la liste complète des affaires judiciaires dans lesquelles est impliqué Gaston Flosse ; on comprend vite la substance et la constance du personnage, qui ne cesse d’user de son statut politique pour s’enrichir personnellement et faire de larges faveurs à ses proches. Gaston Flosse vient compléter la famille « tous pourris », qui comptait déjà Serge Dassault, patriarche du Sénat et fortune de l’industrie aéronautique, qui vient d’être condamné à 5 ans d’inéligibilité et deux millions d’euro d’amende pour blanchiment de fraude fiscale, François Fillon, qui tente une nouvelle stratégie de défense en prenant les médias et la justice en ligne de mire, et Sarkozy dans l’affaire Bygmalion… pour ne citer qu’eux ! À 85 ans, loin de vouloir se faire oublier du paysage médiatique et politique, Gaston Flosse ne lâche rien : il a déjà annoncé son intention d’être candidat aux élections territoriales de 2018. Un vrai Balkany des colonies !