L’air a changé

Après la primaire de la droite, celle de la gauche. Les partis du système choisissent celui qui va porter différentes variantes d’un programme de combat contre les travailleurs et les classes populaires. Après la loi travail, ce recul social majeur imposé par un gouvernement soi-disant « de gauche », la droite de Fillon brandit déjà des menaces de nouvelles attaques, cette fois-ci contre les 35 h, la sécurité sociale et les services publics.

L’odeur ambiante est loin de cet air de printemps que nous sentions au moment du mouvement contre la loi travail. Nous sommes définitivement rentrés dans une conjoncture électorale particulièrement à droite, dans laquelle il manque précisément une expression politique de ces plus de 70 % d’opposants à la loi, de ceux qui ont fait grève, de ceux qui rêvaient debout d’un nouveau monde, radicalement différent de celui de la loi travail.

Ce n’est pas gagné

Mais les règles du jeu sont faites pour que cette expression ait du mal à s’exprimer et pour que ce soit ceux qui contrôlent qui continuent de contrôler. Le système des parrainages de maires est en ce sens particulièrement antidémocratique, puisqu’il fait reposer sur les élus des partis au pouvoir le droit de décider quel parti peut ou non se présenter, alors que dans la plupart des pays cela se fait auprès de la population en général.

Philippe Poutou, le candidat du NPA, est aujourd’hui encore en lutte pour obtenir les 500 parrainages nécessaires pour accéder à la présidentielle. S’il venait à ne pas y arriver, il s’agirait d’une véritable proscription d’un courant politique de longue tradition, depuis mai 68 et plus récemment au travers d’Olivier Besancenot et de ses résultats exprimés depuis 2012 dans les élections de 2002 et 2007 et celle de Poutou en 2012.

Pour que l’ouvrier n’ait pas à fermer sa gueule

Mais ce serait aussi empêcher que le seul candidat ouvrier puisse avoir son mot à dire dans cette élection. Travailleur à Ford à Blanquefort, près de Bordeaux, Poutou fait partie de cette génération de militants ouvriers combatifs qui, entre 2008 et 2010, se sont battus contre les patrons voyous qui fermaient leurs usines. L’État et sa justice de classe le poursuivent encore aujourd’hui pour des actions menées dans le cadre de la lutte des ouvriers de Ford.

Qui de mieux qu’un ouvrier combatif et militant anticapitaliste pour porter les acquis du printemps et, plus en général, des luttes de notre classe et notre envie de changer le monde ? Dans un contexte où il est d’ores et déjà clair que rien de bon ne pourra sortir de la prochaine élection, l’enjeu est de préparer, à partir de ces acquis, les nouvelles batailles qui ne sauront pas tarder contre l’agenda d’attaques que préparent les différents candidats du système, et en particulier François Fillon.

Leur programme et le nôtre

De l’autre côté de la barricade, chacun fourbit ses armes. Fillon, le nouvellement élu candidat de la droite l’a été principalement grâce à son programme, le plus thatchérien de toute la primaire. Macron, l’ex-banquier de Rothschild affiche lui aussi un programme résolument libéral, qu’il teinte de social pour prendre l’espace au centre, se nourrissant des décombres du PS. Le FN, bien embêté par la victoire de Fillon, se découvre défenseur de la sécurité sociale pour lui couper l’herbe sous le pied. Avec des variantes, chacun prépare un programme de combat contre notre classe.

Mois après mois, les futures batailles se précisent. Pour se préparer aux prochains combats, il est nécessaire pour nous aussi d’élaborer un programme face aux réponses réactionnaires des candidats de l’autre camp. Un programme pour que ce soit aux capitalistes de payer les frais de la crise de leur système et non pas aux travailleurs et aux classes populaires, pour en finir avec le chômage, la précarité et la souffrance au travail.

C’est cette perspective que pourrait porter Philippe Poutou s’il était candidat à la prochaine élection présidentielle. Il ne faudrait pas que l’obstacle antidémocratique du système de parrainages l’en empêche. C’est pourquoi Révolution permanente invite ses lecteurs à exprimer leur soutien au fait qu’une candidature #Poutou2017 puisse exister.