Illustration : Jacques Becker (1960), Le Trou

Le 6 novembre dernier, en visite à la prison où sont incarcérés leurs maris, plusieurs femmes sont passées, avec leurs enfants, par l’étape déshabillage et fouille à nu par les gardiens de prison. Aucune explication n’a été donnée, car c’était « comme ça », qu’il « fallait se déshabiller », qu’elles « étaient obligés ». Les gardes de la prison agissent sans se soucier de l’integrité physique des visitantes qui ont perdu le droit à se faire respecter en étant affiliée à un incarcéré.

On peut l’expliquer ce statut de « femmes de prisonniers » couplé à la violence inhérente au milieu carcéral. De plus, la violence de genre qui touche les femmes dans tous les pans de la vie sociale est accentuée dans ce milieu. Les violences de genre s’expriment dans le milieu carcéral et policier. Comme le montre ce témoignage que nous avons relayé, les femmes sont souvent la cible d’attitudes méprisantes et du manque de considération lorsqu’elles tentent de porter plainte pour des violences sexistes.

Maltraitées et humiliées par l’administration, parents comme enfants, ces traitements rendent encore plus traumatisant la visite de leur famille en prison. Or, ce sont ces mêmes institutions (l’État, sa justice, sa police...) qui précarisent à l’extrême les individus et leur infligent mille violences sociales et psychologiques et qui définit quels individus sont « coupables » de délits et crimes et mériteraient donc une exclusion de la société. La prison, instance violente par nature, réprime les détenus mais aussi en leur infligeant des violences multiples, car l’État policier, derrière les murs de la prison, agit en toute liberté pour réprimer les individus jugés « dangereux » pour la société.