Les tribunaux des prud’hommes sont tristement connus pour leur lenteur à répondre aux demandes des salariés. D’après les chiffres, il faudrait souvent plus de deux à trois ans pour voir aboutir sa demande. Lorsque celle-ci est enfin prise en charge par le tribunal, il s’ensuit une longue bataille contre les employeurs, qui font tout pour bloquer la procédure et la rendre la plus lente possible, dans le but de démoraliser les autres employés qui pourraient vouloir attaquer pour les mêmes motifs.

Dans le cas dont il est question ici, aux prud’hommes de Valenciennes, il semble que ce soit une tout autre technique qui ait été utilisée pour dégoûter Fabien D., ex-employé de Bombardier. En effet, peu avant l’audience devant le tribunal, il apprend « que le cadre ressources humaines (RH) à l’origine de [son] licenciement siégera en tant que conseiller » lors de son procès. En d’autres termes, il sera jugé par son « bourreau », comme le dit son avocat. Une vaste supercherie qui ne semble pourtant pas ébranler l’entreprise. En effet, le service de communication affirme qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts, et que tout ceci se place dans le cadre de la loi.

Pour l’avocat de Fabien D., « il n’y a pas de hasard dans ce calendrier » qui a donné le statut de juré à l’employeur de son client au moment même où celui-ci passait devant le juge des prud’hommes. Lorsque l’on entend ce que dit Fabien D. sur les méthodes qui ont conduit à son licenciement (harcèlement, coup de pression, etc.), on ne s’étonne malheureusement pas de la manière douteuse avec laquelle cette entreprise fait face à son accusation devant les tribunaux…

Face à cette situation, Fabien D. a décidé d’entamer une grève de la faim avant son audience qui aura lieu le 25 février. Une méthode radicale qui témoigne des extrémités auxquelles les employés sont acculés face à cette « justice ».