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Transports

Rennes. Après la nouvelle panne du métro B, il faut exiger des moyens et des hausses de salaires !

À Rennes, l’année 2024 commence par une nouvelle panne de la deuxième ligne du métro. Face à cette situation qui touche en premier lieux les travailleurs et les usagers, il est nécessaire d'exiger des moyens et des hausses de salaires.

Loanne Ronsin

12 janvier

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Rennes. Après la nouvelle panne du métro B, il faut exiger des moyens et des hausses de salaires !

Crédits photo : Révolution Permanente

La seconde ligne du métro rennais, inaugurée l’année dernière, est tombée en panne une première fois en novembre 2023. Remise en service fin décembre, le répit aura été de courte durée, puisque l’année 2024 a débuté avec une nouvelle panne de la ligne B, cette fois à l’arrêt pour plusieurs mois. La mairie de Rennes parle en effet d’un trimestre d’attente minimum, sans pour autant garantir une date précise de reprise de la ligne.

Une panne qui va de nouveau dégrader les conditions de travail des conducteurs

Face aux interrogations des salariés et des usagers des transports rennais, une conférence de presse s’est tenue mardi 9 janvier animée par la maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole Nathalie Appéré, un membre de Keolis Rennes et un représentant de Siemens (constructeur des rames de la ligne B). Peu d’informations sont ressorties de cette conférence, mis à part que la cause de la panne, cette fois, serait à incomber à « une pièce mystère » qu’il va falloir remplacer sur l’ensemble des rames de métro, ce qui va nécessiter « un travail long » selon le représentant de l’entreprise.

Si des éléments de flou demeurent quant à la panne, pour les salariés de Keolis et les usagers, c’est le silence qui prime. En effet, si Keolis a évoqué la mise en place d’un « plan B » pour le temps de la panne de la ligne B, avec un remaniement des trajets et des horaires des bus relais-métro et des bus Chronostar, aucuns moyens supplémentaires pour soulager les usagers comme les salariés n’ont été évoqués. Ce, alors même qu’il y a quelques mois encore, la métropole justifiait l’augmentation du prix du ticket de métro de 20 centimes en pleine période d’inflation notamment par...le développement de la ligne B !

Une situation qui a fait réagir l’association des usagers des Transports en Ille-et-Vilaine (Autiv), qui réclame la remise en service de l’ancien réseau de bus (préexistant à la ligne B) et des bus BreizhGo : « l’AUTIV estime qu’il n’est pas possible de faire encore subir aux usagers du STAR et de Breizhgo la situation chaotique connue lors du premier arrêt de la ligne. De même, les conducteurs de bus n’ont pas à être mis à nouveau à contribution, ni à subir les situations d’énervement générées par ce chaos ». Et pour cause, la situation s’annonce d’ores et déjà catastrophique, les conditions de travail des salariés se retrouvant toutes autant dégradées qu’en décembre dernier.

Encore une fois, c’est sur les conducteurs que repose l’ensemble du dispositif : heures supplémentaires, manque d’effectifs, fatigue excessive, multiplication des accidents, pauses qui ne peuvent plus être prises…Avec une grande partie des voyageurs habitués de la ligne B qui se sont tournés vers les bus pour leurs trajets quotidiens, le réseau se retrouve mécaniquement saturé. Lundi 8 janvier, une conductrice de bus sur l’une des lignes de bus principales nous confiait : « je suis dégoûtée, j’ai à peine eu le temps de me reposer pendant mes quelques jours de repos pendant les fêtes. On reprend la nouvelle année dans le même état qu’on a laissé la précédente, c’est du grand n’importe quoi ! ».

En effet, puisque les bus ajoutés pour combler le trajet de la ligne B sont insuffisants, les lignes de bus principales se retrouvent prises d’assauts, ce qui impacte également les usagers dont les bus arrivent avec du retard, remplis à craquer, ou parfois dans l’impossibilité de faire monter de nouveaux passagers arrivés à mi-chemin du trajet de la ligne. Une usagère nous raconte : « Le bus que je prends habituellement pour aller au travail arrive désormais quasi systématiquement avec 20 minutes de retard. Comme les usagers de la ligne B ont repris la voiture, le trafic est bouché matin et soir. Mardi matin, la conductrice était tellement à bout qu’elle est sortie prendre l’air pour souffler ».

Face à la catastrophe qui s’annonce, il faut réagir !

Une situation catastrophique qui rappelle la panne de novembre dernier, où les mesures mises en place s’étaient montrées largement insuffisantes pour les salariés comme les usagers, et qui promet d’être à minima trois fois plus longues (à minima). Dans ce contexte, la colère des conducteurs qui s’étaient mobilisés en décembre dernier pourrait bien resurgir.

En effet, une grève contre la casse des conditions de travail et pour la reconnaissance des efforts des salariés lors de la panne avait débuté le 16 décembre dernier, avec un préavis de grève illimitée déposé par l’UNSA. Dans le préavis, le syndicat réclamait notamment une prime journalière sur le temps de la panne pour tous les salariés de l’entreprise.

Une colère à laquelle la direction de Keolis Rennes n’a répondu qu’avec du mépris. En s’appuyant sur un accord signé avec la CGT, syndicat majoritaire de l’entreprise, elle n’avait accepté d’accorder qu’une misérable prime « de partage de la valeur, d’un montant de 150 euros si le salarié à moins de 30 jours de maladie sur les 12 derniers mois, au-delà, la prime passe à 75 euros ». En réaction, une centaine de salariés s’étaient mis en grève samedi 16 décembre, une journée qui embauche environ 260 personnes en règle générale.

Au lendemain de la mobilisation, la direction s’était empressée de décrédibiliser le mouvement par le biais de mails envoyés aux usagers qui fustigeaient les « organisations syndicales minoritaires » qui « ont refusé toute proposition et entamé un mouvement social », faisant reposer les difficultés que rencontraient les usagers sur le dos des grévistes. Et alors que sur le piquet de grève, plusieurs salariés décrivaient la première panne comme « difficile à résoudre » sur le court terme, la ligne a repris du service le 18 décembre, signant du même coup la fin du mouvement de grève.

Mais face à l’absence de moyens mis en place pour répondre à la nouvelle panne, la colère des salariés pourrait bien revenir sur le devant de la scène. Une colère qu’il s’agit de rendre visible par la construction d’un mouvement de grève, pour obtenir une véritable augmentation des salaires des conducteurs tout comme la mise en place d’un plan d’embauches et de formations à même de répondre à la dégradation actuelle des conditions de travail. Un combat que les directions syndicales devrait prendre à bras le corps en construisant un plan de bataille qui permette d’imposer des mesures urgentes pour l’amélioration des transports publics rennais, pour les travailleurs comme pour les usagers.


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