La récente défaite du parti d’extrême-droite aux élections régionales, qui n’a pas réussi à emporter la présidence d’un conseil régional le mois dernier, a illustré une fois de plus les difficultés du FN à passer la barre du scrutin majoritaire à deux tours. L’organisation de Marine Le Pen se réunit début février pour discuter de la stratégie à mettre en œuvre pour vaincre ce « plafond de verre » en vue de l’élection présidentielle.

Invité vendredi dernier du Talk Orange- Le Figaro, Jean-Richard Sulzer, adjoint aux finances à la mairie d’Hénin-Beaumont et l’un des rédacteurs du programme économique du FN, nous renseigne sur ces évolutions à venir. La trajectoire de cet homme est en soi l’expression de la nouvelle orientation du parti d’extrême-droite. Diplômé d’HEC, il est professeur de gestion à l’Université Paris-Dauphine. Il a également été éditorialiste dans différents journaux de droite classique comme Le Figaro, Le Quotidien de Paris ou France-Soir. Habitué du sérail politicien, il a d’abord soutenu François Mitterrand, avant d’entrer dans le cabinet d’un ministre centriste puis de participer à la droite classique et d’intégrer plus récemment le FN.

La retraite à 60 ans… 7 ans après

Sulzer a donc expliqué comment la retraite à 60 ans sera, désormais, inscrite dans le programme du FN : « restreinte en fonction des conditions d’ancienneté d’activité ». Il s’agit, somme toute, de la même chose que ce que propose le PS : ouvrir le droit à la retraite après 43 annuités de cotisation ce qui, au vu de l’âge d’entrée sur le marché du travail et des risques de se retrouver au chômage, reporte l’âge de la retraite à 67 ans.

Autre mesure dans le programme du FN « en faveur des classes populaires », une revalorisation de 200 € des bas salaires. Contrairement à nos revendications, cette augmentation serait prise en charge par l’État et pas par le patronat, grand protégé du parti d’extrême-droite. Jean-Richard Sulzer précise d’ailleurs que cette mesure ne serait « pas une augmentation du SMIC mais une prime sur les bas salaires ». Pour Sulzer le financement de cette promesse (17 milliards d’euros) se ferait à travers la non-reconduction de l’Aide Médicale d’État (couverture médicale pour les étrangers en situation irrégulière qui représente moins de 0,75 milliard d’euros) ainsi que l’annulation d’une « aide aux migrants de Calais » qui n’a d’existence que dans les élucubrations de l’extrême droite. Avec des sources de financement aussi dérisoires pour un projet aussi substantiel, le caractère purement démagogique de la promesse apparaît au grand jour.

Marine Le Pen cherche à apparaître comme l’une des solutions pour le patronat français au même titre que le PS et LR. Les rares traces de vernis se craquèlent pour affirmer plus encore la véritable raison d’être du FN : l’organisation la plus déterminée à maintenir l’ordre social patronal par des biais autoritaires et xénophobes.