Décidément, Donald Trump n’en finit plus de faire parler de lui. Après avoir lancé en grande pompe le projet du mur à la frontière mexicaine pour défendre les intérêts du patronat US, fait part de ses talents xénophobes avec la mise en place de ses "décrets anti immigrés", ce qui a valu un limogeage à Sally Yates, ministre de la justice, qui s’est opposée à leur application, voici que le nouveau président américain remet le couvert sur le terrain des "nominations polémiques". Après Mike Pence à la vice présidence, le climatosceptique Scott Pruit à la tête de l’agence de protection de l’environnement et la nomination de la figure d’extrême droite Stephen Bannon au poste de conseiller stratégique, c’est aujourd’hui une nouvelle polémique qui éclate. Sans expérience politique, figure du patronat américain, PDG du géant du pétrole ExxonMobil, Rex Tillerson a été nommé secrétaire d’État, soit le poste le plus important de l’administration américaine. Le Sénat a, a une très courte majorité, validé ce choix.

Notre pays n’est plus respecté par plusieurs de nos amis dans le monde parce que nous avons renoncé au leadership international. Nous ne sommes plus craints par nos adversaires, qui sont prompts à combler le vide que nous laissons à travers le monde. Je suis donc très heureux que nous ayons un nouveau secrétaire d’Etat et une nouvelle équipe qui prenne en main la sécurité nationale. S’il y a une chose que le Président Trump a bien fait, c’est de sélectionner les bonnes personnes.” a déclaré John Cornyn, sénateur républicain. Un adoubement en bonne et due forme pour ce néophyte de la politique, ou un cirage de pompe en règle pour l’une des figures du patronat américain ?

Une nomination qui va dans le sens d’un rapprochement avec la Russie ?

Pourtant, cette nomination fait polémique. “Alors que nous essayons de faire en sorte que la Russie rende des comptes pour son agression illégale en Europe de l’Est, pour ses crimes de guerre à Alep et ses interférences dans nos élections nationales, comment diable peut-on faire confiance à quelqu’un qui a une relation aussi chaleureuse avec le gouvernement Poutine pour être secrétaire d’État” a ainsi déclaré le démocrate Martin Heinrich. Il est vrai qu’en 2013, Tillerson a été décoré de "l’ordre de l’Amitié" par le président russe. Même si la notion d’amitié en politique trouve une définition bien différente que dans la vie courante, il est indéniable que la nomination de l’ex PDG a un poste aussi prestigieux est un signal clair. Trump entend bel et bien renforcer les liens avec la Russie, pour concentrer son attention du côté de la Chine, qu’il perçoit comme un rival à même de contester la suprématie vacillante des États-Unis. Quoiqu’il en soit, le milliardaire "anti système" s’adjuge officiellement une nouvelle figure des classes dominantes dans son état major.