Comme rapporté par France Info, le 10 août dernier, la casse de l’hôpital public a forcé une mère à accoucher en bord de route aux alentours de Montpellier. Audrey et Maël, un jeune couple vivant dans le village de Mandagout, près du Vigan dans le Gard, attendaient la naissance de leur troisième enfant. Ils avaient prévu d’accoucher à la maternité de Ganges, située à moins de 30 minutes de chez eux. Cependant, cette option leur a été retirée l’hiver dernier quand la polyclinique de Ganges a été contrainte de suspendre ses activités d’accouchement, faute de pouvoir trouver des gynécologues-obstétriciens pour remplacer trois départs. L’Agence régionale de santé a en effet annoncé la fermeture de la maternité de la polyclinique Saint-Louis de Ganges en décembre 2022, laissant les futurs parents du nord de l’Hérault et des Cévennes avec plus d’une heure de route pour atteindre les hôpitaux de Montpellier ou de Nîmes.

Du fait de cette fermeture, le 10 août, lorsque les contractions ont commencé, Audrey et Maël ont dû se hâter pour rejoindre l’hôpital le plus proche, Arnaud de Villeneuve, situé à plus de 50 kilomètres de chez eux. Cependant, arrivés à seulement dix minutes de la maternité de Montpellier, l’accouchement a commencé, les contraignant ainsi à une naissance en plein air sans l’assistance d’une équipe médicale. Heureusement, l’accouchement s’est bien passé pour la mère comme pour l’enfant.

Le directeur général de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, tente de minimiser la situation en affirmant que la maternité de Ganges n’est pas fermée, mais que seuls les accouchements n’y sont plus pratiqués. Cependant, il est évident que cette distinction est purement sémantique et la création annoncée d’une clinique flambant neuve en 2025 pour remplacer la maternité de Ganges ne compense pas les souffrances endurées les risques impliqués pour les familles en attendant.

Les politiques néolibérales de casse des services publics mettent en péril la santé de la population, et plus particulièrement des personnes en mesure de procréer, alors que les femmes sont encore majoritairement en charge des enfants, de leur éducation ainsi que des tâches administratives et domestiques selon le dernier rapport de l’Observatoire des Inégalités. De plus, ces politiques épuisent les professionnels de la santé, dont une écrasante majorité sont également des femmes.

L’État persiste dans la destruction des services publics : entre conditions de travail qui se dégradent et absence de hausses de salaires significatives, les services de santé sont sacrifiés et ce sont les secteurs les plus précaires de la société qui en font les frais : habitants des zones rurales, femmes, mais aussi personnes LGBTI, personnes migrantes et racisées... Ainsi, loin d’être un simple fait divers, cette histoire illustre les risques découlant du démantèlement des services de santé publics en France. Il est urgent d’imposer des augmentations salariales généralisées et des moyens pour l’hôpital public à la hauteur des besoins !