Le manque total de considération d’Arnaud Montebourg envers la journaliste Fabienne Sintès lors d’une émission sur France Info le 7 décembre dernier a fait désordre au sein de la campagne du candidat à la primaire du PS. En oubliant de prendre en compte la présentatrice au moment de dénombrer le nombre de journalistes en train de l’interviewer, l’ancien ministre de l’économie a été pris en flagrant délit de sexisme ordinaire. « Si vous me le permettez, vous êtes trois, je suis seul, laissez-moi une chance… » dit Arnaud Montebourg, avant d’être rectifié par l’un des chroniqueurs : « quatre ». Malaise. Montebourg se corrige, très embarrassé : « Quatre, pardon, puisque madame… » Et Fabienne Sintès termine elle-même la phrase : « ... est là ».

Deux jours auparavant (c’est un rapide !), Montebourg nous livrait une preuve supplémentaire de sexisme, mais cette fois-ci sous la forme d’une fine analyse politique. Il était interviewé sur Sud Radio Public Sénat à propos de la présence des femmes à la primaire du PS. Le point de vue de Montebourg sur la question se montra quelque peu rétrograde : « Je pense que c’est mieux quand il y a une ou plusieurs femmes. Cela change d’abord l’atmosphère. »...

Ainsi surgissent les « bourdes » sexistes de Montebourg. En 2014, il s’était déjà conduit avec condescendance et paternalisme auprès d’une journaliste. Alors qu’il venait de quitter son poste de ministre de l’économie, il était interviewé par Envoyé Spécial. Visiblement agacé par les questions de la journaliste, il se tourna en plein entretien vers le caméraman, un homme, et lui demanda, d’un air complice et sur un ton condescendant : « Elle est toujours comme ça la petite ? ». Lors de la campagne de Ségolène Royal pour l’élection présidentielle de 2007, Arnaud Montebourg avait également démontré ses penchants sexistes. Il était alors son porte-parole. Invité par le Grand-Journal », il avait affirmé : « Ségolène Royal n’a qu’un seul défaut : c’est son compagnon », puis il s’était empressé d’ajouter « C’est pour rire ! », en sentant le malaise.

Ces « accidents » sont le témoignage d’un sexisme profond de Montebourg. Mais si ce trait est assez récurrent dans la classe politique française, on peut au moins reconnaître à Montebourg de ne jamais chercher à prétendre le contraire ! En effet, quand on cherche à se renseigner sur la position du candidat quant à la question féministe, on se rend compte qu’elle est absente de son programme. Sur le site internet de la campagne du candidat, pas une ligne sur l’égalité des salaires, ou bien sur la suppression du ministère « des familles, de l’enfance et du droit de la femme » créé par Hollande. Lorsqu’on regarde son blog officiel, Montebourg rend hommage à la « journée de la femme » et pas à la journée « internationale des droits des femmes », il parle de « lutte féminine » et pas de féminisme.

Le sexisme ordinaire dont fait preuve Arnaud Montebourg et son non-engagement sur les questions féministes révèlent donc un candidat assez loin du « cœur des gauches », comme celui-ci aime se présenter.