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Âgée de 47 ans, elle était étudiante fonctionnaire stagiaire (EFS) où elle apprenait son futur métier d’institutrice à Livry-Gargan. L’autre moitié de son temps, elle enseignait à des enfants de CE1 à l’école Jacques-Bethinger de Bondy.
Dans son école à Bondy, une collègue avait noté que l’enseignante s’était isolée ces derniers temps. Cette dégradation aurait coïncidé avec une inspection dans sa classe. « Elle l’a très mal vécue ».

Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un/e salarié/e met fin à sa vie dans les mêmes conditions. Dans les hôpitaux, à la Poste ou à la SNCF, dans l’automobile, tous les secteurs ont dans leur mémoire l’image d’un collègue qui a mis fin à ses jours. La liste s’allonge de ceux/celles qui ne supportent plus l’intensification de l’exploitation, les techniques de management qui l’accompagnent et le mépris de la hiérarchie.

Depuis des années, comme partout, l’Éducation nationale subit une dégradation des conditions de travail liée à la casse du service public et aux mesures austéritaires. La pression sur les collègues-stagiaires de la part de la hiérarchie est devenue immense pour obtenir le sésame de fonctionnaire. Le nombre de démissions des enseignants stagiaires augmente à vitesse grand V ces dernières années. Le drame survenu ce 22 mai rappelle ces conditions de titularisation et de formation déplorables.

C’est toutes ces pressions managériales qui poussent les enseignant-e-s et les salarié-e-s au burn out ou à se suicider. Dans tous les secteurs, les directions cherchent à masquer les véritables raisons qui poussent les travailleurs et travailleuses au suicide. On nous dit que ce sont des problèmes personnels, individuels. Après la mort de l’enseignante-stagiaire, l’ESPE (École supérieure du professorat et de l’éducation) parle d’un « décès soudain » et non d’un suicide. Or il est urgent de briser le silence et de dénoncer les conditions de travail dans l’Éducation nationale qui conduisent au burn-out, à la dépression et jusqu’au suicide.

Ces logiques, on les retrouve dans tous les secteurs – dans le privé comme dans le public – car c’est la logique du profit de cette société capitaliste qui soumet des millions de travailleurs au chômage, alors que d’autres sont soumis à des cadences infernales ou à des pressions psychologiques qui tuent au travail. Ces logiques s’accentuent dans l’ensemble du monde du travail, et ce gouvernement de « la République [en] Marche » ou crève va amplifier la destruction de nos conditions de travail.

Tous ceux et toutes celles qui tombent à cause de leurs conditions de travail nous rappellent que le capitalisme tue et que la lutte des classes doit répondre : « Pas un travailleur ou une travailleuse de moins ».

SUD Education 93 appelle tous les personnels de l’Éducation nationale à se rassembler le mercredi 7 juin à 13 h devant la DSDEN (rue Claude Bernard à Bobigny) pour rendre hommage à notre collègue et exprimer notre colère quant aux conditions de travail déplorables qui nous sont imposées.
« Il est indispensable aujourd’hui de rendre visibles les suicides liés aux conditions de travail, il est temps pour nous toutes et tous d’agir pour ne plus perdre sa vie à la gagner. »