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Stop aux violences faites aux sans abris

Soupe au verre pilé : bon appétit les pauvres !

Mardi soir, dans les rues de Strasbourg, un couple d'une trentaine d'années a distribué à deux sans-abri une soupe... au verre pilé ! Cet acte malveillant n'est qu'une illustration supplémentaire des violences quotidiennes auxquelles sont confrontées les sans abris, du profond mépris de classe qui structure notre société, et de la haine des pauvres qui s'exprime de manière toujours plus vive et décomplexée. Lili B.

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C’est une habituée des maraudes qui a relaté mardi soir cette histoire sur Facebook, photo à l’appui. La présidente de l’association « Action Solidarité Strasbourg », indignée, l’a également relayé : "Je trouve ça honteux". "Max a commencé à boire sa soupe, puisqu’il la boit chaude, contrairement à Christophe qui la boit tiède. Max a alors déclaré ’c’est sableux, je ne comprends pas ce qu’il y a dans la soupe’. Il a alors regardé ce qu’il avait dans la bouche, c’était des minuscules bouts de verre, du verre pilé. Je trouve ça honteux, j’étais choquée, tout comme Max et Christophe", a-t-elle confié à France Bleu.

En effet selon la bénévole qui a récolté leur témoignage, « ils en avaient gros la patate. Je pense qu’il y a un petit traumatisme. Ils étaient calmes, mais hébétés, choqués. Ils n’ont rien accepté à part quelques fruits ».

Cette histoire révoltante, qui a indigné, à juste titre, de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux n’est malheureusement pas un cas isolé. Au delà des violences économiques et matérielles, les sans abris sont en effet confrontés à de multiples violences verbales et physiques. A Strasbourg, un sans abri s’était d’ailleurs fait agressé et volé quelques jours auparavant, dans la nuit du samedi à dimanche.

Ces violences ont lieu dans un climat général de stigmatisation des pauvres, avec notamment tous les discours méprisants des politiciens à l’égard des pauvres, et de ce qu’ils appellent les « assistés », mais également dans un climat de criminalisation de la pauvreté. Depuis plus de vingt ans, de nombreuses municipalités ont par exemple régulièrement eu recours à des interdictions de la mendicité, pour garantir la « tranquillité des habitants et des touristes ». En octobre dernier, c’est le maire d’Argenteuil qui a annoncé son intention de prolonger d’un an l’arrêté anti-mendicité qu’il avait mis en place cet été !

L’Etat qui aujourd’hui délaisse de plus en plus sa fonction sociale au profit de sa fonction répressive et policière, réprime et stigmatise de plus en plus les personnes pauvres et marginalisées, en réponse notamment à la crise économique actuelle. Le mépris des élites pour les classes populaires s’affirme de manière de plus en plus décomplexée. Il paraît évident que ce mépris et ce discours politico-médiatique dominant provoque radicalité, violence et n’est pas étranger à cette glissade décomplexée vers la stigmatisation et la haine des pauvres, vers ce que l’ONG chrétienne, l’ATD quart-monde appelle la « pauvrophobie », ce néologisme ayant été inventé pour exprimer le climat de haine et de mépris vis à vis des pauvres qui « s’exprime plus ouvertement aujourd’hui ».

En effet, si face à ce désengagement de l’Etat, des gestes de solidarité s’expriment chez nombres d’habitants et de travailleurs, il semblerait bien que d’autres soient influencés par ces discours stigmatisants : en témoigne les multiplications d’actes malveillants et criminels qui ont eu lieu ces dernières semaines contre des structures d’accueil, pour les sans abris mais également pour les migrants. Le dernier en date ayant fait un mort et quatorze blessés.

La présidente de l’association « Action Solidarité Strasbourg » espère que les caméras de vidéo surveillance permettront d’identifier et de retrouver le couple, et que Max et Christophe envisageront par la suite de porter plainte. On peut cependant émettre des doutes quant au fait que les autorités publiques et la justice se soucient de cette histoire et donnent suite à cette affaire.

Face à cet acte malveillant, nous devons apporter notre soutien et notre solidarité à Max et à Christophe. Comme l’ont déclaré les cheminots de Paris qui se sont organisées pour venir en aide aux personnes en difficultés économiques et aux réfugiés : « ne tombons pas dans le piège patronal de l’isolement, l’égoïsme, des préjugés racistes. Créons l’unité de notre classe, refusons la précarité et la misère ».


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