Crédits photo : AP-HP/F.Marin

Bien que la famille ait elle-même rappelé un « terrain médical défavorable », il est essentiel de rappeler la pression des conditions de travail qui pèsent structurellement sur l’équilibre psychique des internes en médecine : études longues, sélectives et ultra-compétitives ; heures qu’on ne compte plus ; exposition répétée à la douleur et la détresse des patients…

Ainsi, dans un communiqué de l’ISNI intitulé « Lettre à Marie », Pierre Haman – président de l’ANEMF entre 2011 et 2012 – insiste sur le caractère endémique et structurel des souffrances psychiques pouvant conduire à des drames et qui ont explosé ces dernières années : « C’est devenu une habitude pour nous, jeunes médecins, en formation, d’apprendre le suicide d’un confrère, d’une consœur, de nos collègues médicaux, paramédicaux dont l’encadrement des risques psycho-sociaux n’est pas à la hauteur. »

« On nous apprend à soigner, mais pas à prendre soin de nous » témoigne ainsi un interne en médecine dans une enquête menée sur la santé mentale des jeunes médecins, et qui faisait état d’un constat alarmant. On y apprend en effet que 66 % des jeunes médecins souffrent d’anxiété contre 22% pour la moyenne nationale, ou encore que près de 28% des soignants ont connu un épisode dépressif, là où on atteint les 10% dans la population globale. D’où le mot d’ordre en forme de cri de détresse relayé à l’époque par cette même étude : « gardons en vie les médecins que nous formons. »

Tous les syndicats d’internes concourent aux mêmes conclusions pour expliquer ce niveau de souffrance : à savoir une dégradation sévère des conditions de travail des internes, due notamment aux politiques d’austérité menée par les gouvernements successifs. La véritable cause de cette hécatombe : la destruction méthodique de l’hôpital, transformé en une véritable entreprise.