Les salariés de Tisséo sont mobilisés depuis près de trois mois contre la suppression de la clause de sauvegarde qui permettait une indexation partielle de leurs salaires sur l’inflation. Face à des journées de grève massives, la direction ne répond que par le mépris et la répression. C’est dans ce contexte que Tisséo a saisi la justice en référé mardi 20 juin pour attaquer les syndicats, avec l’objectif d’obtenir la permission d’envoyer la police déloger les piquets de grève.

Le procès s’est tenu en présence de dizaines de salariés et de différents syndicalistes venus en soutien. La direction de Tisséo a plaidé pour obtenir la possibilité d’envoyer la police réprimer la treizième journée de grève qui se tenait le lendemain matin. Elle a cherché à démontrer que la grève était illégale en focalisant son argumentaire sur un potentiel blocage des dépôts, notamment pour les personnes à mobilité réduite qui ne pouvaient plus utiliser les transports en commun.

L’avocat de la direction est même allé jusqu’à qualifier d’ « illicite » la clause de sauvegarde pour justifier sa volonté de la supprimer. Un argumentaire qui cherchait à enterrer la mobilisation, en faisant passer les grévistes pour des irresponsables qui « font vivre un calvaire aux usagers et refusent le dialogue ».

En suivant, les avocats représentant les différents syndicats de Tisséo ont réussi à démonter l’argumentaire de la partie adverse. Ils ont rappelé que la direction est à l’origine de cette situation de blocage, avec un mépris des salariés et un refus d’accéder aux revendications des grévistes, allant jusqu’à refuser la mise en place d’une médiation. Les avocats ont aussi démontré que les reproches concernant le blocage des dépôts étaient infondés, tout en expliquant que les perturbations sur le réseau de transports étaient totalement normal dans la mesure où l’entreprise connaissait une grève massive.

Si l’audience a eu lieu mardi 20 juin, c’est le vendredi 23 juin que le verdict a été prononcé. Ainsi, le juge a statué sur le fait que les piquets de grève n’avaient rien d’illégal et les demandes de la direction de Tisséo ont été rejetées. La direction s’est vu refuser l’autorisation d’envoyer les CRS réprimer les piquets de grève et de relever les noms des salariés présents sur les piquets pour leur mettre des amendes. Elle a aussi été condamnée à payer les frais de justice des syndicats. Il s’agit d’une première victoire pour les grévistes, face à une direction qui tente par tous les moyens de réprimer la mobilisation.

Après plusieurs mois de mobilisation et une treizième journée où 80 % des salariés étaient mobilisés, l’intersyndicale a appelé à une pause estivale pour potentiellement reprendre la mobilisation dès septembre prochain. La bataille n’est donc pas totalement refermée, même s’il sera difficile de faire redémarrer la mobilisation en septembre.

Si le jugement en référé a donné lieu à une victoire des syndicats, la direction ne compte pas s’arrêter là. En effet, les syndicats sont assignés au tribunal correctionnel en septembre avec la direction qui leur reproche des blocages de dépôts et demande 40 000 euros de dédommagement par syndicat.

La lutte des salariés de Tisséo n’est donc pas finie, et la direction compte bien poursuivre son offensive répressive. Pour parvenir à arracher le maintien de la clause de sauvegarde et faire face à la répression, il faudra à nouveau se mobiliser massivement. Le soutien de la population toulousaine et de l’ensemble des organisations du mouvement sera décisif pour y parvenir.