À l’occasion de la troisième réunion entre direction et syndicats pour les NAO (négociations annuelles obligatoires) du géant Airbus, la CGT et l’UNSA ont appelé à la grève, ce vendredi 12 avril contre les trop faibles propositions d’augmentations des salaires de la direction. À Toulouse, une centaine de grévistes d’Airbus Defense and Space se sont rassemblés devant la cantine du Palays à 13 h.

La direction propose seulement 3,3 % d’augmentation globale pour les non-cadres et 2,6 % d’augmentation pour les cadres. Des chiffres bien éloignés de l’inflation de l’année passée qui s’élevait à 4,9 % en moyenne selon l’INSEE et qui engendre ainsi une baisse de « salaire réel ». « Sur trois ans, il y a 34% des salariés qui ont touché moins de 10% d’augmentation, donc en dessous de l’inflation des trois dernières années » dénonce Sébastien Rostan, délégué syndicale de la CGT Airbus Defense and Space.

De plus, pour éviter d’augmenter tous les salariés de la même manière, la direction fait passer la plus grande part des augmentations en tant qu’augmentations individuelles. Il s’agit même du seul type d’augmentation pour les cadres, qui compose 80% des salariés d’Airbus Defense & Space . Cela signifie que la grande majorité des augmentations annoncées ne sont pas garanties, mais seront appliquées au cas par cas, selon le bon-vouloir de la direction. Une manière de créer une « compétition entre les salariés » selon Sébastien Rostan. Grâce à cette manipulation, la direction d’Airbus Defense and Space pourra se permettre d’augmenter la majorité des salariés bien en-dessous du pourcentage annoncé, si ce n’est pas du tout.

Face à cela, des syndicats comme la CGT Airbus revendiquent une augmentation moyenne de 9,4 % des salaires, sur la base d’une consultation réalisé auquel ont répondu plus d’un millier de salariés. Un budget de rattrapage spécifique pour les femmes est également revendiqué par les syndicats, l’écart salarial entre hommes et femmes étant de 14%. L’allocation de ce budget a été refusée par la direction, affirmant par là le sexisme de sa politique salariale.

La question des salaires a aussi un impact sur les conditions de travail des salariés. Airbus connaît en effet un turnover important, dû notamment à une insatisfaction en termes de rémunération, avec par exemple un taux de 10% de départs en 2023. Comme le dit Stéphanie, ingénieure syndiquée à la CGT : « investir dans la formation de jeunes embauchés nécessite de les former, si c’est pour qu’ils partent au bout de trois ans, c’est du temps perdu pour tout le monde ». La perte de sens et de motivation dû au temps gaspillé pourrait ainsi être évitée en « retenant les gens à l’aide d’une politique salariale suffisante ».

La direction du géant aéronautique cherche à faire des économies sur le dos des travailleurs avec des propositions salariales bien inférieure à l’inflation, alors même que l’entreprise connaît une très bonne santé économique. En effet, Airbus a réalisé un bénéfice net de 3,8 milliards d’euros en 2023, soit le troisième profit le plus important de son histoire, et a augmenté de 55% les dividendes versés aux actionnaires en 2024 selon les syndicats.

Ainsi, les travailleurs d’Airbus ont d’autant plus raison de se mobiliser pour arracher de meilleures augmentations de salaires. Pour y arriver, il sera nécessaire d’organiser un plan de bataille qui arrive à entraîner les travailleurs des différentes entités d’Airbus dont [une partie importante a exprimé sa disposition à se mobiliser (73 %) pour les salaires dans la consultation de la CGT Airbus. Plus largement, la hausse générale de 400 euros de tous les salaires et leur indexation sur l’inflation s’imposer comme élément essentiel pour tous les travailleurs qui font aujourd’hui face à l’inflation.