Selon deux notes rédigées par les services de renseignement français, obtenues par la journal streetpress, le ministre de l’Intérieur envisage la dissolution de trois organisations engagées dans le mouvement de solidarité avec la Palestine : le Comité Action Palestine, Samidoun Paris Banlieue et Capjpo EuroPalestine, sous prétexte de « complaisance vis-à-vis de la résistance palestinienne du Hamas ».

Cette rhétorique n’est pas nouvelle et vise à amalgamer tout soutien à la résistance palestinienne avec le « terrorisme ». Elle s’inscrit dans une logique de criminalisation du soutien au peuple palestinien comme l’a notamment illustré l’interdiction de toutes les formes de mobilisations en soutien au peuple palestinien au début du mouvement. Celle-ci s’est combinée à une intense campagne de criminalisation et de répression judiciaire subie par toutes les personnes et organisations osant dénoncer le caractère colonial de l’État d’Israël et défendant l’auto-détermination du peuple palestinien. Cette « chasse aux sorcières » s’est notamment illustrée avec l’enquête pour « apologie du terrorisme » visant le NPA-B, l’expulsion de la militante palestinienne Maryam Abu d’Aqqa ou encore l’arrestation du secrétaire de l’UD CGT Nord pour un simple communiqué de soutien aux Palestiniens.

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Les motifs évoqués pour dissoudre ces trois associations témoignent que l’Etat compte bien punir et s’acharner contre les organisations soutenant le mouvement de solidarité avec la Palestine. Ainsi, après avoir tenté de dissoudre en 2022, sans succès, le Comité Action Palestine, le gouvernement repartirait à l’offensive selon « une nouvelle base juridique », pointe Street Press. On serait dans une « logique d’acharnement », dénonce l’avocat du Comité Action Palestine. Concernant le collectif Samidoun Paris Banlieue, ce serait l’usage du slogan « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » qui serait dans le viseur. Comme en Allemagne ou la branche Samidoun a été dissoute pour l’usage de ce slogan,« la France pourrait être tentée d’emprunter le même chemin, sur les mêmes bases argumentaires, pour contrer la popularisation d’un slogan jugé radical », explique le journal. Pour la dissolution de Capjpo EuroPalestine, « son cas n’est pas encore tranché » mais son implication envers la campagne de boycott d’Israël pourrait être visée. Autant d’éléments montrant que le gouvernement Attal compte bien surenchérir dans l’offensive de criminalisation contre le mouvement Palestine.

Cette offensive autoritaire s’inscrit dans un durcissement du régime visant l’ensemble des organisations du mouvement social. Il y a à peine quelques mois, le Conseil d’État avait validé les dissolutions de la GALE et du CRI, des organisations antifascistes et contre l’islamophobie. Elle s’inscrit comme une réponse autoritaire visant ceux qui dénoncent le renforcement raciste et autoritaire de l’État français. Une offensive sur le terrain anti-démocratique qui s’inscrit comme le complément de l’importante répression subie par les travailleurs mobilisés au lendemain de la réforme des retraites. Face à l’accélération de la lutte de classe avec le profond mouvement des retraites et la révolte des quartiers, le gouvernement cherche à mettre au pas les secteurs combatifs de notre classe dans la perspective de faire passer toujours plus de reformes austéritaires et racistes, dont la loi immigration est l’exemple le plus frappant.

La séquence réactionnaire actuelle, permise en grande partie par la passivité des organisations ouvrières, n’est cependant pas une fatalité et les offensives bonapartistes du gouvernement illustrent plutôt sa faiblesse, c’est-à-dire la nécessité d’avancer pour ne pas reculer. Face aux menaces de dissolution, il est urgent de faire front et de construire une mobilisation la plus large possible en solidarité avec ceux que le gouvernement cherche à criminaliser.