Alors que la SNCF et les syndicats (à l’exception de la CFDT et l’UNSA qui ont signé un accord au printemps dernier) se concertaient depuis des semaines sur le forfait jour, la direction centrale, n’arrivant pas à obtenir un compromis favorable à ses intérêts, a coupé court aux négociations. La CGT condamne « une conception autoritaire du dialogue social », et dénonce l’absence d’un accord d’entreprise, qui aurait été probablement moins favorable à la SNCF, et son remplacement par l’accord individuel. Elle met aussi en avant le fait que plusieurs expertises, dont celles de la Direction des audits et des Risques, préconisaient une autre organisation du travail et mettaient en garde contre des charges de travail trop importantes, alors que le forfait jour qui se met en place, masque l’excès d’heures réalisées par les cadres et agents de maîtrises.

En effet, l’une des conséquences majeures de ce forfait est de supprimer les heures supplémentaires, tout en augmentant le temps de travail, sans aucune possibilité de contrôle ni de remise en cause par les syndicats, du fait de l’accord individuel. Concrètement, cela veut dire que les cadres seront contraints de travailler plus, mais que les heures supplémentaires ne seront pas payées en tant que telles. L’accord individuel consiste en une « négociation » entre l’entreprise et l’ouvrier, bien évidemment à l’avantage de la SNCF, avec à la clé une misérable augmentation de salaire de 24 à 55 euros mensuels qui ne compensent en aucun cas le surcroît d’exploitation que recouvre le forfait jour.

Les syndicats appellent les agents de maîtrise et les cadres concernés à ne pas signer d’accords individuels, qui seraient potentiellement irréversibles, et à revendiquer le décompte des heures réellement effectuées. Il est indispensable que les cheminots concernés par ces mesures fassent le lien avec les attaques en cours contre l’ensemble de cheminots. Aujourd’hui, la direction met en place les réorganisations,annonce la suppression d’un millier d’emplois, }} impose la réforme ferroviaire pour mieux casser le cadre permanent (autrement appelé le statut cheminot) afin d’en finir avec le service public et de transformer la SNCF en une entreprise privée qui fait du profit. La formule proposée par la direction semble assez claire : supprimer des postes et ensuite faire travailler les cheminots, dont les cadres, jusqu’à ce qu’ils craquent. Cela annonce la couleur en ce qui concerne le maintien d’un service public de qualité…

La seule solution est de s’organiser collectivement, de ne pas rester isolés, de voir que ces mesures font partie d’un plan plus général et que c’est ce plan d’ensemble qu’il faut combattre, tous les cheminots ensemble. C’est la seule manière de ne pas tomber dans des situations difficiles de souffrance au travail, et surtout c’est la seule manière de gagner face aux plans de la direction.