Rosa Potemkine

Quand le KKK encense le clan Le Pen

C’est donc un soutien bien encombrant pour Marine Le Pen, qui, d’ailleurs, prend bien garde de rester très discrète et de ne pas s’en vanter. Et pour cause, David Duke n’étant rien d’autre qu’un ancien dirigeant du Ku Klux Klan à l’idéologie aussi raciste que criminelle, qu’on ne présente plus. Ainsi, Duke est connu pour avoir rejoint l’organisation adeptes des expéditions punitives contre les Noirs dans le courant des années 1970 et avoir essayé de briguer différents mandats dans la vie politique américaine. Il siégea toutefois de 1989 à 1992 à l’assemblée locale de Louisiane, où seul le passé esclavagiste de cet état du Sud lui permis d’accéder à ce poste. Névrosé de la « race », Duke prône la suprématie des Blancs ainsi que la nécessité du « sang pur », associant le métissage des peuples européens à un génocide de la « race » blanche.

Un ami gênant pour Trump comme pour Le Pen

Marine Le Pen n’est pas la première à recevoir des soutiens du Ku Klux Klan : Donald Trump avait aussi reçu des soutiens de la part du journal du groupe The Crusader avant d’intégrer à son équipe Stephen Bannon, lui aussi très proche du KKK. Cependant, le soutien officiel du parti suprématiste n’avait pas particulièrement arrangé Trump, qui avait refusé publiquement son soutien. En effet, même si Trump est loin de combattre les idées de ceux qui avaient fait de l’assassinat des noirs leur passe-temps, il avait choisi de ne pas se « diaboliser » et de les éloigner, formellement, de sa campagne.

Mais c’est à présent Marine et Jean Marie Le Pen qui font l’objet de l’admiration de David Duke. Après avoir posté une illustration de Marine Le Pen en Jeanne d’Arc (pour les amateurs Duke a aussi fait son portait en Pepe la grenouille qui vaut le détour), l’ex-dirigeant du KKK a ainsi tweeté que « son père (Jean-Marie Le Pen) est un grand homme, un vrai patriote. Il a élevé une femme intelligente et forte qui sait comment faire de la politique au XXIe siècle ». Car fermer les frontières, appliquer la préférence nationale et renvoyer les femmes au foyer seraient pour Duke une preuve d’intelligence. Mais mieux encore : car si Marine s’efforce de jeter aux oubliettes les racines profondes du FN incarnées par Jean-Marie et son antisémitisme, quoi de mieux que le soutien d’un nazi comme Duke pour réaffirmer le caractère profondément dangereux du parti frontiste. Chassez le naturel, il revient au galop….

De l’antisystème qui n’en a que le nom

Marine et sa clique auront donc beau essayer de rendre le FN plus lisse et « politiquement correct », plus républicain et laïc, ce n’est que variation plus consensuelle sur le même thème, sa nature réactionnaire et xénophobe.
Car le seul antisystème que le FN propose c’est le repli sur soi, faisant de l’autre, noir, arabe, musulman, réfugié, un ennemi de l’intérieur, parasite de la nation volant le pain des « vrais » français, ou un ennemi à nos portes, n’attendant que de rentrer dans l’hexagone pour annihiler notre « identité » comme le soutient la théorie du Grand Remplacement, si en vogue chez les idéologues d’extrême droite. Cette théorie rappelle les idées de Duke sur le métissage et le « génocide » de la race blanche qu’il entraînerait, et loin d’être fortuite, cette proximité montre aussi quelles sont les inspirations du programme de Le Pen pour ces présidentielles.