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Fronde universitaire

Université Paris 1 : quatre départements et la CFVU refusent la sélection à l’université

La réforme de l’enseignement supérieure a déjà ses opposants : après les lycéens et les étudiants, ce sont les professeurs qui commencent à se positionner contre la réforme gouvernementale. A Paris 1, plusieurs Unité de Formation et de Recherche (UFR) ont refusé de faire remonter les attendus, tout comme la Conseil des Formations et de la Vie Universitaire (CFVU).

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Fronde universitaire contre la sélection

La sélection à l’université est aujourd’hui au coeur des discussions entre les professeurs et personnels administratifs de la Sorbonne. La réforme gouvernementale, qui va entraîner la sélection des étudiants à l’université et aggraver les processus de concurrence entre établissements, est loin de passer comme une lettre à la poste. A ce jour quatres départements ont publié des motions contre la réforme : d’un côté, les assemblées générale des personnels de l’UFR de sciences politiques ainsi que de l’UFR d’histoire et de l’autre, les conseils d’UFR de philosophie et d’histoire de l’art/archéologie. Une opposition à la réforme gouvernementale qui vient de prendre une autre dimension, avec une motion adoptée à la grande majorité au CFVU (Conseil de la Formation et de la Vie Universitaire) de l’université. Toutes les motions dénoncent un manque de moyens pour l’université et un manque d’information sur la réforme, qui n’est, comme le rappelle la motion de la CFVU, toujours par adoptée au Parlement.

Manque de moyens et de professeurs

Les manques de moyens pèsent sur les universités qui ont vu leurs budgets asphyxiés par Macron en début d’année : c’était alors 331 millions d’euros qui étaient gelés par le gouvernement, aboutissant dans certaines facs, à des situations dramatiques, alors que 3 000 bacheliers, sans affectation, cherchaient toujours une formation dans le supérieur. Ce manque de moyens a abouti non seulement à la fermeture de filières mais aussi à des gels de postes : comme le dénonce la motion de la CFVU, à Paris 1, ce sont 35 postes qui ont été gelés en 2017 faute de moyens. A côté du manque de moyens pour les étudiants boursiers, les professeurs ne sont pas mieux lotis : avec un nombre de nouveaux postes insignifiant par an, beaucoup de doctorants ou de post-doc restent précaires, avec des contrats pour un semestre, ou des vacations qui ne permettent pas d’assurer dignement le travail d’accompagnement des élèves.

La sélection, « un recul, et non un progrès social »

C’est mot pour mot ce que dit la motion de la CFVU : « un recul social ». Et les mots ne sont pas mal choisis : derrière la réforme de l’université, ce sont tous les bacheliers qui ne sont pas issus des filières générales qui devront faire une croix sur l’université, tandis que les bacheliers restant, non contents d’avoir leur bac, devront se mettre en compétition avec leurs camarades de classe pour espérer avoir un dossier répondant aux « attendus » qui ne sont pas encore fixés. Car si officiellement, il y aura des places pour tout le monde, et donc personne ne sera exclu du système universitaire, comme le pointe les étudiants et professeurs de la CFVU : « en demandant aux universités de classer les candidatures étudiantes selon un certain nombre de critères, alors que les universités ont des capacités d’accueil limitées, le ministère s’apprête en réalité à mettre en œuvre une sélection qui ne dit pas son nom  ».

Si pour l’instant, le refus des professeurs de faire remonter les « attendus », c’est à dire les critères de sélection, on doute que cela suffira à faire fléchir le gouvernement dans sa volonté de faire passer cette contre-réforme. Par le passé, les réformes visant à instaurer la sélection à l’université n’avaient pas abouti du fait de la mobilisation de la jeunesse et des professeurs : en 1986, c’étaient des centaines de milliers d’étudiants qui étaient descendus dans la rue contre le projet de loi Devaquet. Aujourd’hui, si aucun mouvement dans la jeunesse et chez les enseignants de l’université et du secondaire comparable ne se met en place, le projet de loi passera, avec toutes les conséquences dramatiques que cela suppose. En cela, la mobilisation des personnels de Paris 1 est un appel du pied à la jeunesse lycéenne et étudiante pour se lancer dans une mobilisation de grande ampleur et faire reculer le gouvernement.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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