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Université d’été de RP : « Le Réseau pour la grève générale a été un outil important dans cette grève »

Pour clôturer la première journée de l’Université d’été de Révolution Permanente, s’est tenue une table ronde du Réseau pour la grève générale. Une discussion qui est revenue sur les bilans du Réseau après les 6 mois de luttes contre la réforme des retraites et sur le rôle qu’il peut jouer dans la prochaine séquence.

25 août 2023

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Université d'été de RP : « Le Réseau pour la grève générale a été un outil important dans cette grève »

À la tribune, différents intervenants sont revenus sur le bilan du Réseau pour la Grève Générale (RGG) et de son intervention dans le mouvement des retraites, ainsi que sur la nécessité de préparer la rentrée sociale. Parmi eux, Anasse Kazib, cheminot et porte-parole de Révolution Permanente, Aurélien, éboueur à SIVOM, Tayeb, travailleur de la sous-traitance à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, Mariama Sidibé, du collectif des sans-papiers 75, Clément cheminot au technicentre de Châtillon, Alexis, raffineur chez Total Normandie, et Alberta, militante au Poing Levé Toulouse.

Comme le rappelait Anasse Kazib, tout a commencé avec une tribune, parue le 28 janvier et signée par 300 syndicalistes, militants et personnalités appelant à préparer des grèves reconductibles partout où cela était possible. Le réseau s’est ensuite constitué et a réuni de nombreuses et nombreux travailleurs de différents secteurs : des transports, de la métallurgie, de la pétrochimie, mais aussi de l’énergie, des centrales nucléaires, ou encore de l’agro-alimentaire, ainsi que des avocats, des artistes et intellectuels.

Pour ouvrir la table ronde, Anasse Kazib a tenu à apporter son soutien au rappeur Médine, ciblé par de nombreuses attaques de la classe politique et de la justice suite à l’annonce de sa présence aux Universités d’été de LFI et d’EELV.

Médine avait aussi participé au rassemblement de soutien face aux réquisitions des raffineurs de la raffinerie de Total Normandie.

Le cheminot est ensuite revenu sur les trois grands axes qui ont été au cœur de l’intervention du Réseau pour la grève générale : le constat que la stratégie des grèves perlées, imposé par en haut par l’Intersyndicale, était une impasse comme l’illustrait les mouvements précédents ; la volonté d’aller au-delà du mot d’ordre défensif contre la retraite à 64 ans et d’étendre les revendications, et la nécessité de l’auto-organisation pour que les travailleurs décident eux-mêmes à la base de leur grève, en assemblées générales, en comité de grève. « Avec un mouvement d’une grande profondeur contre la réforme des retraites, qui étaient plein de possibilités, il fallait participer à construire une stratégie alternative à la stratégie de la défaite proposée par l’Intersyndicale », a rappelé Anasse Kazib. Il a également souligné la nécessité de prolonger l’expérience du réseau pour préparer les luttes à venir.

Plusieurs intervenants ont aussi souligné combien le réseau avait été un outil précieux pendant la grève contre la réforme des retraites. Dans l’aérien par exemple, Tayeb, militant à Sud Aérien, a rappelé combien la grève avait été un élément nouveau, là où il n’y avait pas eu de mobilisations depuis longtemps. Le blocage de l’aéroport de Roissy, secteur stratégique de l’économie française, a également été un élément important pour les travailleurs de l’aéroport, épaulés par des étudiants et de nombreux travailleurs d’autres secteurs. « Le réseau nous a énormément apporté, il a permis de rassembler côte à côte des salariés de différents syndicats » a-t-il ajouté.

Mariama Sidibé, du Collectif Sans-Papiers 75, est revenue sur la situation des travailleurs immigrés et sur ce que signifiait la réforme des retraites : « Un sans-papier qui vient ici en France à l’âge de 30 ans, qui attend encore 10 ans pour avoir des papiers et qui commence donc à cotiser à 40 ans, combien d’années va-t-elle encore devoir travailler pour avoir une retraite ? ». Pour elle, la lutte ne fait que commencer, et le monde entier a vu le mouvement qui avait lieu en France : il va donc falloir continuer « à se réunir, se donner des idées sur comment avancer, tirer les leçons, pour continuer à bousculer le gouvernement ensemble ».

Pour Clément, cheminot, qui a mené une grève sauvage à Châtillon, est revenu sur le passage en force du gouvernement par 49-3. Ce moment a conduit le mouvement à faire un saut dans la radicalité et la spontanéité, et a donné lieu nationalement à un rebond de la grève et une entrée en scène de la jeunesse. « La victoire était possible, mais la stratégie des directions syndicales a isolé les secteurs en grève reconductible comme le nôtre ».

Il est revenu sur le rôle qu’a joué le Réseau pendant la grève sauvage, en mettant en lien les cheminots avec des étudiants qui ont réalisé les banderoles et aidé aux caisses de grève, et avec des travailleurs d’autres secteurs, membres du Réseau, qui sont venu les soutenir sur leur piquet de grève. Même constat pour Aurélien, éboueur à SIVOM en région parisienne, qui a fait grève durant un mois : « Le Réseau nous a permis de tenir, de sortir de notre piquet, de mettre en place des caisses de grève, d’aller tracter sur les marchés, d’aller manifester devant les mairies. Il nous a permis de nous solidariser entre ouvriers ».

Alberta, militante à Révolution Permanente et au Poing Levé à Toulouse, est revenue sur le rôle de la jeunesse dans le mouvement, avec de nombreuses facs mobilisées et des mobilisations inédites comme dans les écoles d’art, une jeunesse qui s’est posé la question de comment aider les travailleurs en grève, en allant sur les piquets, devant les dépôts des travailleurs des transports, les TIRU pour rencontrer les éboueurs... « L’élargissement des revendications porté par le réseau pour la grève générale faisait écho à l’aspiration des jeunes de profiter de cette bataille pour mettre sur la table l’ensemble des revendications pour la jeunesse ». Pour Alberta, le réseau a su être un outil vis-à-vis des rythmes de la mobilisation, pour essayer d’aller chercher d’autres secteurs, et après la bataille des retraites un outil pour réagir, depuis le mouvement ouvrier, à la révolte qui a explosée dans les quartiers populaires suite au meurtre de Nahel par la police a-t-elle expliquée.

Alexis, de la raffinerie de Total Normandie, a de son côté insistant sur le fait qu’il n’était pas suffisant de faire reposer la grève sur les secteurs stratégiques du mouvement ouvrier tels que les raffineurs, et c’est pourquoi se manifestait le besoin d’un outil pour s’adresser plus largement à notre classe. « Face aux réquisitions, a-t-il dénoncé, les dirigeants de l’Intersyndicale nous ont laissé seuls, pas un seul n’est venu sur nos piquets, tout comme ils ont laissé seuls les jeunes en garde à vue pour avoir manifesté. Ce mouvement a fait tomber les masques, et on fera en sorte que les travailleurs s’en souviennent ! ». C’est aussi « au moment des réquisitions que les travailleurs ont fait l’expérience de ce que signifie vraiment la violence de l’État, de sa nature au service de la bourgeoisie, en envoyant la police jusque chez les raffineurs pour les forcer à retourner bosser ».

Face à cela, c’est aussi selon lui grâce au liens du Réseau pour la grève générale, aux assemblées interprofessionnelles, que la grève a pu continuer à tenir après les réquisitions, en liant les travailleurs au-delà des étiquettes syndicales et au-delà des secteurs corporatistes. « Cherchez à tisser cela, quand vous rentrez dans vos régions, pour préparer la prochaine grève ! » a-t-il conclu.

En conclusion, Anasse Kazib est revenu sur l’enjeu d’unir notre camp dans la bataille autour d’un plan de bataille offensif, avec ses propres outils de luttes. « Lorsqu’on a un pouvoir qui est en crise et qui lui est décidé à aller jusqu’au bout, il faut frapper fort et il faut une direction construite par en bas avec des travailleurs qui décident par leurs Assemblées générales, leurs interpros ». Enfin, il a cloturé la table ronde en soulignant justement la richesse du réseau, qui a réuni des travailleurs de multiples secteurs et syndicats. « Le réseau a permis à des travailleurs qui ne se connaissaient pas avant de tisser des liens et d’être capables de faire face aux défis qui ont suivi. Les ouvriers ne doivent pas uniquement se préoccuper de ce qui se passe dans leur petit pré-carré, qu’ils se préoccupent des sans-papiers de la loi immigration, de la jeunesse qui s’est soulevée après la mort de Nahel dans les quartiers populaires ».


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