"Ce qui m’arrive est banal. Cela s’inscrit dans un contexte national"

Suivi en direct sur Twitter, c’est devant des journalistes de France Info, France Inter, Europe 1, Buzzfeed, Libération, Le Monde, Médiapart, Konbini, Tétu, mais aussi du Collectif Quoi ma Geule et de Révolution Permanente que Guillaume a réaffirmé les éléments déjà présents dans son témoignage jeudi dernier, des attouchements aux menaces de mort et de viol jusqu’à la décharge de taser dont il a été victime. Dans la salle, pleine, plusieurs personnalités et une dizaine de collègues ont apporté leur soutien à Guillaume ; notamment sa directrice de thèse Joanna Siméant, maître de conférences en sciences politiques à Paris 1, qui a, entre autres, affirmé être choquée du fait que la police puisse affirmer qu’on « va venir à la Sorbonne pour t’exterminer toi et tes collègues », mais aussi Alain Krivine, membre de la direction du Nouveau Parti Anticapitaliste, a rappelé le harcèlement de la part de la police dont la population de Saint Denis est victime. Comme il l’a affirmé à de nombreuses reprises, Guillaume ne veut pas porter simplement son cas, mais aussi celui de « toutes les personnes brutalisées de la sorte dans ce contexte », voire pire, comme en atteste le cas du meurtre d’Adama Traoré cet été.

Intimidation, coup de pression et, pour finir, agression sexuelle, tel est le schéma suivi par la police pour empêcher Guillaume de filmer une scène de contrôle au faciès extrêmement violente. « Sortir mon téléphone, c’était un geste militant » affirme Guillaume, qui a par ce simple fait déclenché l’agression dont il a été victime. « Ils m’ont accusé d’être allié de Daech. Les menaces de viol étaient accompagnées d’attouchements », avant de poursuivre : « les insultes homophobes étaient une volonté de domination de la part des policiers. » Une situation que son avocat Slim Ben Achour décrit comme étant un « scandale » du « point de vue des droits démocratiques ».

Pour Guillaume, son agression est « le résultat des lois et mesures de ces derniers mois » qui donnent un sentiment d’impunité en faveur de la police. Cela s’est vu pendant les mobilisations contre la Loi Travail notamment. Mais pour Guillaume, « on ne peut pas considérer normal ce qui [lui] est arrivé », et surtout « on ne va pas s’habituer à ça ».

Une plainte déposée. Guillaume lance un appel à témoin

Comme l’a dévoilé l’avocat de Guillaume, une plainte va être déposée par ce dernier au tribunal de Bobigny. Le dossier est lourd : violences, menaces de mort, de viol, attouchements et abus d’autorité. Comme Slim Ben Achour l’a lui-même affirmé, « il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un système » ; l’avocat a d’autre part dénoncé la volonté des policiers de « détruire les preuves ». Un fait politique qui en dit long sur l’arbitraire donné à la police en ces temps d’état d’urgence ; un événement qui souligne d’autant plus l’utilité de dénoncer les violences quotidiennes de ce système, mais qui appelle aussi à la formation d’un large front de défense des droits démocratiques.

Vidéo de la conférence de presse dans son intégralité :
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