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Racisme d'état

Violences policières à Calais : la police gaze des migrants et met feu à leur embarcation

Dimanche dernier, des policiers mettaient le feu à l’embarcation d’un groupe de migrants. Alors que le regard médiatique se pose sur les violences policières dans le mouvement des retraites, la répression aux frontières reste une réalité quotidienne.

Raji Samuthiram

4 avril 2023

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Dimanche 26 mars, le matin, à Calais, un groupe de policiers a brutalement repoussé une trentaine de personnes qui tentaient de traverser la Manche à grand renfort de grenades lacrymogènes d’abord, en mettant le feu à l’embarcation ensuite avant d’abandonner tout le monde sur la plage, d’après l’association Utopia 56.

Selon des témoignages recueillis par l’association, il y avait quatre enfants de 1, 4, 14 et 16 ans parmi les victimes. « La police a mis le bateau en feu, ils se sont battus contre nous, nous frappant et donnant des coups, ils ont utilisé du gaz » a témoigné l’une d’entre ellles.

Cette énième violence aux frontières fait écho aux multiples exemples de violences policières dans le cadre du mouvement des retraites en cours et alors que le weekend du 25 mars a été particulièrement marqué par un acharnement policier sanglant à l’encontre des manifestants contre les méga-bassines à Sainte-Soline, avec plus de 200 blessés, dont un toujours dans le coma. La brutalité policière qui s’acharne contre les manifestations aujourd’hui est une banalité aux frontières, où l’offensive xénophobe des gouvernements a pour projet explicite de rendre impossible la vie des immigrés.

Un durcissement prévu des deux côtés de la Manche

La répression à Calais est encadrée par les gouvernements britanniques et français, qui ont récemment renforcé leur coopération sur la chasse aux étrangers lors d’un sommet début mars. Le Royaume-Uni s’est engagé à verser 541 millions d’euros sur trois ans à la France pour renforcer la lutte contre les bateaux qui traversent la Manche. Selon le premier ministre Rishi Sunak, ces fonds viendront financer un nouveau centre de détention dans le nord de la France, ainsi qu’un renforcement du dispositif policier déjà lourd dans la région. Depuis 1998, 1,28 milliard d’euros ont été dépensés afin d’empêcher les personnes exilées de franchir la Manche.

Selon Sunak, le dernier accord entre l’Angleterre et la France fonde un « niveau de coopération jamais vu ». Il fait suite à un premier accord avec Emmanuel Macron sur ce sujet en novembre, peu après son arrivée à Downing Street. La chasse aux « small boats » est l’une des cinq priorités immédiates que le premier ministre britannique a fixé pour son mandat. La dissuasion par la terreur et la violence, déjà monnaie courante aux frontières, sera désormais appuyée par de nouveaux dispositifs et lois : le gouvernement a notamment présenté un projet pour interdire les demandes d’asile pour toute personne entrée irrégulièrement dans le pays, un projet jugé comme « inhumain » par de nombreuses ONG qui dénoncent aussi l’atteinte grave au droit d’asile. Le gouvernement Sunak a également récemment annoncé que les migrants seraient désormais hébergés dans des sites militaires désaffectés et possiblement sur des bateaux.

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En France, recul sur la loi immigration : un premier pas

Du côté de la France, l’agenda anti-immigration incarné par Gérald Darmanin se poursuit sur plusieurs fronts, notamment à Mayotte, où le gouvernement a promis l’expulsion en masse des habitants en situation irrégulière et la destruction de bidonvilles. Les ambitions du projet de loi immigration représentent aussi un saut répressif important : ce texte prévoyait de durcir les conditions de régularisation, d’intensifier les expulsions de personnes sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) ou encore d’étendre la « double peine » en systématisant les expulsions d’étrangers qui feraient l’objet de condamnation en justice. Cependant, le gouvernement, contraint par la crise politique enclenché par l’annonce du 49.3 et le mouvement social sur les retraites, a récemment repporté l’examen du projet de loi au Sénat.

Si ce recul constitue une première victoire, il ne faut pas s’en satisfaire. En effet, ce projet pourrait réapparaitre sous d’autres formes, dans d’autres textes ou dans un autre projet « avec moins de surface politique », selon un député Renaissance cité par Le Monde.

A l’heure ou la légitimité du gouvernement Macron ne tient plus que sur la terreur de sa police, il est plus clair que jamais que la violence généralisée contre les immigrés ainsi que les manifestants constitue une même attaque contre notre camp. Il est donc nécessaire de faire front dans notre réponse en liant nos combats contre les projets racistes du gouvernement dont fait partie la réforme des retraites, qui touchera d’autant plus les immigrés et les sans-papiers. Le mouvement ouvrier et les organisations syndicales doivent donc poser des mots d’ordres qui permettront de mettre définitivement à la poubelle les contre-réformes du gouvernement, et d’exiger la régularisation des sans-papiers et l’abrogation des lois racistes et islamophobes à commencer par la loi séparatisme.

C’est par cet élargissement politique de nos revendications que nous pourrons aller vers la construction d’une grève générale et imposer la perspective anti-impérialiste de la fin de l’Europe forteresse, et la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous.


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