« Les camionnettes avec lesquelles on livre ne sont ni suivies et ni entretenues, la direction nous parle mal, on bosse dans des conditions pas possibles », c’est ainsi que Paul* nous décrit son quotidien chez Adecco Outsourcing, sous-traitant d’Amazon.

Par-dessus le marché, la direction a voulu retirer la prime de Noël de 150 euros, retirer le droit aux employés de se déplacer avec les camions de l’entreprise pour leurs trajets domicile-travail, et imposer des licenciements abusifs. Des mesures honteuses d’une direction qui veut faire des économies sur le dos des travailleurs.

C’est dans ce contexte d’attaques que ces derniers ont pris la décision de monter une section syndicale CGT afin de se protéger et de débrayer pour la première fois ce mercredi, réclamant le droit d’utiliser leurs camions pour se déplacer pendant les vacances de Noël. 40% de grévistes, dont des intérimaires, se sont mis en grève.

Malgré la pression mise par la direction sur certains intérimaires, qui ont dû stopper la grève par peur de se faire virer, la direction a plié en quelques heures. Elle a dû rétablir la prime, payer la journée de grève et autorise finalement de nouveau les livreurs à utiliser les camions pour se déplacer. « Une première victoire pour des travailleurs qui ne comptent pas s’arrêter là » affirme Paul.

En effet, si les grévistes ont réussi à obtenir une de leurs revendications, les conditions de travail restent difficiles, les cadences infernales, et les salaires trop bas face a coût de la vie. « On a décidé de s’organiser au sein d’un syndicat, non pas seulement sur le dépôt de Woippy, mais au niveau national. On est la seule liste syndicale de la boîte, c’est inédit dans notre secteur et cela va nous permettre d’organiser et de coordonner les futures luttes ». Les élections professionnelles ont permis à la toute nouvelle section de la CGT d’obtenir 100% des voix.

Pendant qu’Amazon enregistre des profits records à hauteur de 10,5 milliards d’euros en 2022 rien qu’en France, les travailleurs ne voient ni leurs salaires augmenter, ni leurs conditions de travail s’améliorer. En mars 2022, alors qu’aucun syndicat n’existait à Amazon aux Etats-Unis, les travailleurs de la boîte ont réussi à s’imposer face à l’une des plus grandes entreprises du monde. Un exemple qui fait écho à ce que tente de construire les livreurs sous-traités d’Adecco Outsourcing. Ils démontrent qu’il est possible de s’organiser, même dans un secteur dur où les patrons imposent la précarité. « Cette première journée de grève est un test pour nous. Elle doit nous servir à construire nos futures mobilisations, pour de réelles augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. »

*Le prénom a été modifié