Comme nous l’expliquions dans un précédent article, le durcissement de la grève dans les raffineries et dépôts pétroliers aggrave les pénuries de carburant dans un nombre croissant de départements mais aussi de nombreux aéroports. Face à au renforcement de la grève, le gouvernement a décidé de procéder à des réquisitions de personnels, ce mardi, dans le dépôt de Fos-sur-Mer, et ce mercredi, dans la raffinerie de Total Normandie.

Solidarité ouvrière face aux réquisitions, les directions syndicales muettes

Face aux réquisitions, la réponse immédiate des grévistes a été exemplaire. A Fos-sur-Mer, où la préfecture a ordonné la réquisition de « trois salariés par relève », plusieurs centaines de militants de plusieurs secteurs, les électriciens gaziers, les travailleurs du terminal méthanier, ou encore les dockers se sont opposés aux CRS pour soutenir les salariés réquisitionnés. A la raffinerie de Normandie où les réquisitions ont été décrétés mercredi soir, plus de trois cents grévistes de l’ensemble des zones industrielles de la région (dockers, portuaires, SNCF, Chevron, etc) ont fait front. Une solidarité ouvrière qui montre la voie à suivre face à l’offensive anti-grève de l’Etat.

De ce point de vue, l’absence de réponse de l’intersyndicale est extrêmement problématique. Non seulement, aucun communiqué n’a été écrit pour dénoncer les réquisitions des raffineurs, mais pire, il n’y a pas eu le moindre mot de solidarité de la part des dirigeants syndicaux que sont Laurent Berger et Philippe Martinez. Un silence scandaleux.

Berger et Martinez doivent soutenir les grévistes en se rendant immédiatement sur les piquets !

Face à l’offensive anti grève de l’Etat, les directions syndicales doivent prendre leurs responsabilités. Non seulement, ils doivent dénoncer urgemment les réquisitions des personnels grévistes, mais ils doivent construire concrètement la solidarité autour des grévistes de Normandie et de Fos-sur-Mer. Cela permettrait non seulement de rompre l’isolement relatif des grévistes dont cherche à profiter l’Etat pour tuer dans l’œuf la généralisation de la grève en cours dans le secteur pétrolier, mais aussi de redonner confiance à l’ensemble des grévistes.

Rompre cet isolement et obtenir une victoire face à la répression est une question d’ordre stratégique pour la mobilisation. Derrière cette offensive, le gouvernement compte aussi briser la radicalité ouvrière qui s’exprime suite à l’offensive anti-démocratique du 49.3 dans de nombreux secteurs. En brisant cette grève, le gouvernement veut aussi éteindre toute perspective de généralisation de la grève à d’autres secteurs du mouvement ouvrier.

Ainsi, au moment où, affaibli, le gouvernement répond par une fuite en avant autoritaire, il est urgent que les directions syndicales s’affichent en soutien clair aux grévistes réprimées. Face aux réquisitions, l’ensemble des dirigeants des syndicats de l’intersyndicale, à commencer par Laurent Berger et Philippe Martinez devraient a minima se rendre sur les piquets de grève pour soutenir les grévistes.