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"Pierre par pierre et mur par mur ..."

7 ans après. Condamné à la prison après un « faux » de deux magistrates, Eric Hager s’était suicidé

Mercredi 21 septembre, deux magistrates comparaissaient devant le Tribunal correctionnel de Lyon pour avoir falsifié un document ayant conduit Eric Hager en prison, où il s’est suicidé après l’annonce de sa réincarcération.

Mati Balestrini

28 septembre 2022

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Crédit photo : Le tribunal de Bar-le-Duc. - Google Streetview

L’affaire remonte au 12 juin 2015, jour où Eric Hager est condamné à deux ans d’emprisonnement dont six mois de sursis par le Tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (55) pour violences volontaires aggravées sur son beau-père. Alors qu’il a déjà passé neuf mois en détention provisoire, la Présidente du Tribunal n’exige pas son maintien en détention. Mais, suite à l’audience, Marine D. substitute du Procureur va modifier sa fiche de liaison en y apposant au stylo : « maintien en détention », ce qui va conduire à sa réincarcération.

Mercredi 21 septembre, Marine D., substitute du Procureur à l’époque, est renvoyée devant le Tribunal pour « faux en écriture publique ou authentique » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle » et la présidente du Tribunal pour complicité de ces faits. Cette dernière est accusée d’avoir au pire encouragé sa collègue à falsifier le document, au mieux de ne pas l’en avoir dissuadé.

Ce document, délivré par le tribunal à l’administration pénitentiaire informe sur la situation du prévenu après l’audience : remise en liberté ou incarcération. Et dans le cas d’Eric Hager, il aurait donc dû être libéré immédiatement à l’issue de l’audience si ce document n’avait pas été modifié. Dix minutes après avoir appris son maintien en détention, Eric Hager téléphone à sa mère pour l’informer de sa détresse et de sa volonté d’en finir. Six minutes après qu’il ait raccroché, les surveillants le retrouvent pendu dans sa cellule.

Suite à ce scandale aux conséquences dramatiques, une enquête est diligentée contre les deux magistrates mais le parquet décide alors de ne pas les sanctionner, en invoquant notamment leur « manque d’expérience » et le caractère isolé de cette falsification.

Commence alors pour la famille d’Eric Hager un long chemin de croix. Ils déposent une première plainte qui sera classée sans suite pour « erreur de droit », une modalité qui exonère de toutes poursuites. Ils finiront par déposer une plainte avec constitution de partie civile, forçant ainsi un juge d’instruction à se saisir de l’affaire, ce qui conduira après plusieurs années au renvoi des deux magistrates devant le Tribunal correctionnel.

Sept ans après, ce mercredi 21 septembre, débutait le jugement. Le délibéré sera rendu dans quelques semaines. Le procureur a demandé la relaxe en dénonçant « une chasse aux sorcières » et en plaidant l’inexpérience des deux magistrates à l’époque, montrant très clairement la clémence dont savent faire preuve les procureurs lorsqu’il s’agit de juger les leurs, alors qu’ils passent leur temps à requérir de lourdes peines de prison lorsqu’il s’agit de juger vols et autres petits délits.

Cette affaire illustre tristement les conséquences de l’incarcération, véritable réflexe pour les magistrats malgré son caractère particulièrement meurtrier. En effet, en France, on compte un décès tous les deux ou trois jours en prison. Et, dans la majorité des cas, comme dans celui d’Eric Hager, ce sont des morts par suicide. La France est l’un des pays qui a le taux de suicide en prison le plus élevé en Europe. Les personnes détenues se suicident six fois plus qu’en population générale.

Cette situation est la conséquence de l’inhumanité propre à la prison et à la justice répressive, qui ont malheureusement coûté la vie à Eric Hager.


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