En réponse aux attentats commis par Daech, François Hollande, secondé par Manuel Valls, n’a pas entrepris de remettre en cause l’impérialisme français, pourtant responsable de la déstabilisation auMoyen-Orient et de l’émergence du terrorismecomme le slogan « Vos guerres, nos morts » le rappelait justement. Au contraire, la ligne de défense du chef de l’État a été de profiter de la situation pour accentuer le tournant bonapartiste. Entre augmentation du pouvoir des préfets, perquisitions facilitées,port d’arme des policiers autorisé en dehors des heures de services, généralisation des fiches S, interdiction de manifester et déchéance de nationalité, les pratiques qui semblaient auparavant dignes d’un régime sur la voie de la dictature sont devenue monnaie courante. On en vient même à penser que l’État s’est radicalisé durant cette année passée.

La déchéance de nationalité, finalement rejetée, est probablement le signe le plus évident du tournant réactionnaire : le programme du Front National appliqué par un gouvernement socialiste. Preuve d’un raidissement des institutions ce projet de réforme de la constitution a mis en évidence les tensions et la crise qui parcourent les grands partis traditionnels. Derrière cette mesure « symbolique », comme la qualifiait Valls, c’était l’islamophobie bien concrète de l’État qui prenait un caractère plus assumée et la farce de l’unité nationale qui partait en fumée.

Mais ce qui a le plus retenu l’attention, c’est le non-sens total du déploiement de force et du pouvoir conféré à la police. Sur les milliers d’interventions et de perquisitions réalisées, combien d’interpellations pertinentes du point de la « lutte contre le terrorisme » ? En revanche, combien de personnes violentées arbitrairement, à l’exemple dece jeune aveugle d’Avignon, dénoncé par ses voisins car sa barbe rasée témoignait de sa supposée radicalisation ? Et combien demilitants politiquesplus facilement réprimés dans leur lutte, comme à Air France, où les signes de radicalisation ont poussé subitement suite à l’affaire de la chemise arrachée, ou comme sur laplace de la Républiquepour museler toute contestation de la COP21 ?

L’état d’urgence avait pour vocation de donner un tour de vis à nos droits démocratiques déjà sévèrement attaqués. Un an après, la situation met ces droits se trouve plus que jamais au centre des débats et des luttes. Après un mouvement social contre la loi travail de plus de quatre mois, le rassemblement d’Amiens en soutien aux Goodyear, l’affaire estivale du burkini et la radicalisation récente de la police, il est évident que l’état d’urgence perpétuel devient progressivement la norme pour contenir les contestations de plus en plus nombreuses et renforcer la répression dont l’État se sert pour maintenir la « paix sociale ».