« On m’a dit de faire mon travail avant d’appeler les secours ». Le 19 février 2016, Émeline, 25 ans, ne se sent pas bien. Mais sa direction, n’écoutant que la productivité, lui demande tout de même de venir. De 6h à 9h du matin, sa situation aura le temps de s’aggraver. Mais malgré les maux de tête et l’absence de sensation dans une jambe, la direction lui demande de continuer le travail. Elle explique être allée les voir, à plusieurs reprises, sans conséquences. C’est seulement lorsqu’intervient Sébastien Carré, membre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCST), que les secours seront appelée.

Émeline a été victime d’un accident vasculaire cérébral, elle at été ensuite placée en soins intensifs pendant 6 jours.

L’Assurance maladie, elle, n’a pas retenu pour l’AVC la qualification d’accident du travail.

Après cet accident qui aurait pu être encore plus dramatique, Sébastien entame en tant que membre du CHSCT, une enquête interne. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Celui-ci est très vite mis à pied. Il entame ainsi aussi une plainte contre deux de ses supérieurs hiérarchiques et entrave à l’exercice du droit syndical. En effet, après l’AVC d’Émeline, il estime que tout a été fait pour l’empêcher d’enquêter sur les causes de cet accident et les responsabilités éventuelles.

Le CHSCT a tout de même pu mener une enquête plus large sur les conditions de travail dans ce centre de tri qui embauchait 101 personnes. Catéis, le cabinet d’expertise mandaté, décrit des conditions de travail très dures pour les salariés. « Un climat relationnel très dégradé et délétère où le jugement et la méfiance » prédominent, et où règne « une pression permanente pour produire coûte que coûte malgré les aléas et sans moyens supplémentaires, repoussant les agents dans leurs derniers retranchements en termes de santé ».

Le cabinet d’expertise pointe aussi des « pratiques managériales vécues par les agents comme une forme de persécution » : convocations répétées, obligation de garder le silence au travail, etc.`

Et comme souvent, lessalariés qui sont dans les organisations de défense des salariés sont particulièrement touchés. Ainsi le rapport décrit également des pressions subies par deux membres du CHSCT, telles des procédures disciplinaires à répétition. Elles « ont fait courir sur (l’un d’entre eux) un risque majeur de passage à l’acte » (suicide).https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/la-poste/nord-la-poste-mise-en-cause-dans-un-rapport-apres-l-avc-d-une-employee-5256857

Seulement de son côté la justice ne semble pas avoir autant travaillé pour la plainte de Sébastien.Sanctionné et muté, celui-ci était toujours dans l’attente de nouvelles. C’est peu après l’accident que Sébastien a déposé plainte : en mars 2016 ;le 26 juillet 2017, l’affaire a été classée sans suite. Seulement personne ne l’a averti, ils ont du eux-mêmes envoyer un courrier au procureur de Lille afin d’obtenir cette réponse.