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Islamophobie d'Etat

Abayas à l’école : Sophie Binet de la CGT valide l’offensive islamophobe de Macron

Invitée sur France Inter ce mardi, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a expliqué approuver la décision du gouvernement d’interdire le port des abayas à l’école. Une prise de position que doivent dénoncer et combattre les sections syndicales CGT et leurs militant·e·s, de même que l'ensemble des militant·e·s du mouvement ouvrier.

Gabriella Manouchki

29 août 2023

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Abayas à l'école : Sophie Binet de la CGT valide l'offensive islamophobe de Macron

Ce mardi, Sophie Binet était invitée au micro de Léa Salamé sur France Inter au sujet des enjeux de la rentrée sociale. Parmi les sujets évoqués, les annonces du nouveau ministre de l’Éducation Gabriel Attal qui souhaite interdite les abayas à l’école.

Une mesure islamophobe qui entend renforcer l’offensive contre les élèves musulmanes, dans la continuité de la loi de 2004, avec laquelle Sophie Binet a expliqué clairement être en accord. « Les signes religieux, c’est clair, n’ont pas leur place à l’école. C’est nécessaire de rappeler la règle dans les quelques établissements où il peut y avoir un problème » a-t-elle noté, avant de réaffirmer, quand Léa Salamé lui demande confirmation de ses propos : « Bien sûr qu’il faut avoir des règles claires, qui de toute manière s’inscrivent dans la loi de 2005 (sic) que la CGT a soutenu ». De quoi valider la nouvelle mesure islamophobe du gouvernement, en allant jusqu’à revendiquer la loi de 2004 (et non de 2005) sur la laïcité à l’école, sur laquelle la CGT s’était à l’époque abstenue au Conseil supérieur de l’éducation.

Une prise de position scandaleuse, alors que ces dernières années, la macronie fait du port des abayas, robes traditionnelles, le signe d’une prétendue « atteinte à la laïcité », produisant différentes circulaires à ce sujet qui ont eu pour conséquence une stigmatisation accrue des jeunes musulmanes, et que leur interdiction officielle aura pour conséquence d’intensifier le profilage racial, le harcèlement et, plus largement, le contrôle vestimentaire que les élèves subissaient déjà au quotidien.

Seule critique développée par la cheffe de file de la CGT : « Le problème c’est de faire sa rentrée politique sur cette question-là, le ministre de l’Éducation nationale instrumentalise le sujet pour évacuer les questions centrales de la rentrée pour l’ensemble des enseignants et des élèves : le manque d’enseignants et le fait qu’il y a des milliers d’élèves qui se retrouveront sans enseignant » note-t-elle, avant d’expliquer : « plus on en parle, plus on stigmatise une religion, plus on assiste à l’augmentation du phénomène, je l’ai vu en tant que Conseillère Principale d’Education ». Une approche qui, en réduisant cette attaque à une simple tactique de « diversion » à la veille d’une rentrée qui s’annonce chaotique, dénonce en définitive un simple problème de calendrier, validant ainsi les fondements d’une mesure qui s’inscrit pourtant dans le cadre d’une offensive islamophobe évidente du gouvernement qui cherche à renforcer l’oppression des musulman·es et des habitant·es des quartiers populaires, comme il l’avait fait avec la loi séparatisme dénoncée par la CGT.

En refusant de dénoncer cette nouvelle attaque très concrète du gouvernement, la secrétaire générale de la CGT cautionne l’offensive du gouvernement et participe à banaliser la stigmatisation des élèves musulman·e·s, ainsi que le renforcement du contrôle patriarcal des corps des jeunes filles à l’école. Ce alors même que nombreux·ses sont les militant·e·s CGT qui luttent au quotidien contre le racisme, l’islamophobie et le sexisme sur leur lieu de travail et notamment à l’école, à l’image des AED de Marseille réprimé·es pour avoir dénoncé des faits de racisme et d’islamophobie dans leur établissement.

Une prise de position à combattre et dénoncer, d’autant plus qu’elle marque un recul par rapport aux prises de positions récentes de la CGT. Alors que, ces dernières années, l’offensive raciste et islamophobe du gouvernement a donné lieu à d’importantes mobilisations, la CGT y a parfois pris part, comme lors de la grande marche contre l’islamophobie de 2018. Surtout, suite au meurtre de Nahel et à la répression des jeunes qui se sont révoltés en juin, la CGT a dénoncé au côté de nombreuses organisations les « décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires » et le « racisme systématique ». Or, l’interdiction aux élèves de porter le voile et désormais l’abaya en est l’un des vecteurs centraux en France, stigmatisant les jeunes filles musulmanes non seulement à l’école mais, en réalité, dans l’ensemble de la société.

Alors que de nombreux travailleurs·euses vivent dans leur chair le racisme et l’islamophobie, habitent les quartiers populaires, militent contre les oppressions sur leurs lieux de travail et dans les mouvements sociaux, il est fondamental que les sections syndicales et militant·e·s de base de la CGT dénoncent la prise de position de Sophie Binet et s’expriment contre cette mesure. Plutôt que d’accepter cette nouvelle attaque raciste du gouvernement, l’urgence devrait être de construire un programme de lutte pour la rentrée, qui articule opposition aux lois racistes, en exigeant l’abrogation, entre autres, de la loi séparatisme, de la loi de 2004 ou encore l’abandon de la future « loi immigration », lutte contre l’offensive autoritaire, et combat pour les salaires et les conditions travail de toutes et tous.

Un programme dans lequel l’exigence de moyens pour l’éducation aurait évidemment toute sa place, et qu’il faudra défendre par la grève et dans la rue, aux côtés de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, mais aussi de l’antiracisme, du féminisme ou de l’écologie, condition pour construire un rapport de forces à la hauteur face au gouvernement.


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