Il faut croire que Maurice Taylor a encore en travers de la gorge son échec lors du rachat de Goodyear il y a deux ans. Le patron du géant américain de pneus Titan est un habitué des sorties anti-ouvrières, surtout lorsqu’il s’agit d’évoquer les luttes en France. Il s’était déjà distingué en février dernier, attaquant brutalement les syndicats et appelant « Les Français » à ne pas « lasser une bande de dingues tout diriger ». En novembre 2014, il déclarait ainsi que la France était « décidément trop communiste »… ou encore que l’adoption de la loi Macron ne constituait qu’« un kilomètre » effectué sur les « 1000 » nécessaires pour les intérêts du patronat. Ce n’est donc pas une surprise que de voir Maurice Taylor s’attaquer violemment aux salariés en lutte d’Air France. « C’est quoi la différence entre eux et des terroristes ? C’est la même chose. Ils ne tuent pas mais font quand même du mal. Si aux États-Unis vous faisiez ça, vous seriez poursuivis ». Même dans un concert de déclarations toutes plus nauséabondes les unes que les autres, Taylor arrive à tirer son épingle du jeu. Une saillie ordurière qui illustre bien la guerre de classe déclarée tout autant que les photos publiées en disent long sur la situation à Air France.

Et pendant ce temps-là…

La palme du timing le moins approprié à la situation de la décennie ne devrait pas échapper à la direction d’Air France. Alors que 2900 à 5000 salariés risquent purement et simplement la porte, Air France KLM a publié ce jeudi matin les chiffres du trafic en septembre. Résultat, une hausse de 0,66% — à 6,11 euros — des actions de la compagnie. Le mois dernier, le groupe Air France KLM (Air France, KLM, HOP !, Transavia) a enregistré une croissance de 22% de son trafic en un an. La compagnie a précisé que 8,3 millions de passagers ont été transportés en septembre, en hausse de 21,2%. L’activité cargo, de son côté, a enregistré une hausse de trafic de 8,2%. Mais cela ne suffit apparemment pas à rassasier l’appétit des capitalistes, bien décidés à faire payer la rébellion des salariés pour maximiser un peu plus les profits, quitte à détruire des vies entières, pousser les travailleurs au suicide ou au divorce. De véritables terroristes de classe.

Face à la guerre déclarée, solidarité de classe !

Même si la journée d’action de ce 8 octobre a été peu convaincante, la solidarité de classe avec les salariés d’Air France restera l’incontournable moyen de faire pencher la balance en sens inverse. En tous cas, de Paris à Toulouse, leur colère et leur détermination montrent qu’ils ne sont pas prêts de baisser la garde et qu’ils feront ce qu’ils pourront pour faire « tomber la chemise » de ces patrons-voyous.