Yano Lesage

Christophe Sirugue a, mardi après-midi, reçu les représentants syndicaux de la filière à Bercy pour tenter de calmer la tempête qui gronde depuis l’annonce de la fermeture du site en 2018 sur le site de Belfort d’Alstom. « On a été écouté » a déclaré Stéphane Flégeau, de la CGT Métallurgie à la sortie de l’entrevue tandis que le gouvernement s’est donné dix jours pour apporter des réponses. Dans le même temps, des discussions continuent à être menées entre le gouvernement et la direction du groupe qui a déclaré par voie de presse que sa décision de fermeture était pour l’instant suspendue.

Quoi de mieux que de jouer sur le climat présidentielle et social pour rafler de nouveaux contrats ? Poupard-Lafarge semble avoir flairé le sens du vent : en contrariant les déclarations gouvernementales, cette annonce de fermeture du site de Belfort pourrait bien lui rapporter quelques contrats, notamment auprès de la SNCF, une mesure qui, dans le cadre européen de la libéralisation des marchés et du système des appels d’offre constitue pourtant une enfreinte aux règles de la concurrence.

Autre élément pesant sur l’empressement du gouvernement à trouver une solution pour éviter la fermeture du site de Belfort, c’est bien la question du climat social. Ce qu’il veut éviter à tout prix, c’est bien la mise en place d’une lutte d’ampleur nationale, alors que les braises de la mobilisation contre la loi travail sont encore chaudes et ne demandent qu’à être rallumées à quelques mois de l’élection présidentielle.

Et pour l’instant, il manœuvre avec finesse. En effet, l’Assemblée Générale des salariés d’Alstom qui a ponctué la journée de mardi 13 septembre n’a pas appelé à la grève sur le site, bien que la mobilisation pour la date du 15 septembre, journée nationale de lutte contre la loi travail ait été actée. Pourtant, après Florange et les mensonges de Hollande, ceux de Macron sur le site de Belfort, quel confiance accorder à l’État et au gouvernement ? Et si un accord venait à être conclu, ses termes dépasseraient-ils les quelques mois qui le sépare de l’échéance électorale ? On ne peut qu’en douter.

Si l’accord est en suspens, il n’y a pas de quoi retenir son souffle et attendre. Il est justement temps de battre le fer quand il est chaud, d’exiger le maintien du site et des emplois, et se battre pour la renationalisation d’Alstom sans rachat ni indemnité, sous le contrôle des travailleurs de l’entreprise, seul moyen durable d’assurer le maintien des emplois à Belfort et de défendre les conditions de vie et de travail de l’ensemble des travailleurs du groupe.