La succession de Martin Schulz, président du Parlement Européen de tendance social-démocrate depuis cinq ans n’a pas été si simple. Pour la première fois depuis 1982, la désignation du candidat pour la présidence du Parlement n’a pas fait l’objet d’un accord préalable entre les deux forces principales : les sociaux-démocrates (S&D) et les conservateurs du Parti Populaire Européen. Au total, six candidats se sont présentés : aux côtés d’Antonio Tajani pour le PPE et de Gianni Pittella pour les sociaux-démocrates, il fallu compter sur deux candidatures eurosceptiques (Helga Stevens pour les « conservateurs et réformistes européens » et LaurentiuRebega de l’Europe des nations et de la Liberté, groupe auquel appartient Marine Le Pen) ainsi que deux autres pour la Gauche Unitaire Européenne et pour les Verts.

Il a fallu quatre tours pour faire élire l’ancien bras droit de Berlusconi et fondateur du parti conservateur et libéral ForzaItalia. L’habituel arrangement entre les deux grandes forces européennes n’a pas eu lieu. Est-ce le fruit d’un effort de différenciation dans un champ politique gagné par le « tous pourri, tous les mêmes » ? La pression des eurosceptiques qui gagnent du terrain dans l’arène national comme européenne a pu jouer le temps des élections, mais elle devrait certainement pousser à mettre en place une majorité de coalition dans le cadre du travail législatif à venir.

La figure d’Antonio Tajani est très liée à celle de ses relations. Fondateur du parti conservateur et xénophobe de Silvio BerlusoniForzaItalia, il en a été un des proches et le porte-parole. Il se pourrait bien qu’il lui ait également copié son goût pour les affaires : c’est Antonio Tajani qui était à la tête de la commission européenne des transports puis de l’industrie, de 2008 à 2014. C’est sur son mandat qu’éclate le scandale du « dieselgate » sur les moteurs supposément hybrides de Volkswagen, une fraude massive aux contrôles qui aurait échappé aux autorités européennes responsables si les services américains n’avaient révélé le scandale. Pure coïncidence ou compromission ? Le doute est légitime. « Qui se ressemble, s’assemble », comme dit le proverbe.