A l’instar de nombreux autres secteurs, dans l’énergie, l’annonce du passage de la réforme des retraites par 49.3 a mis de l’huile sur le feu. C’est le cas, en particulier dans le secteur du gaz. Depuis vendredi 17 mars, le plus important site de stockage d’Europe, situé à Chémery (Loir-et-Cher), a été mis à l’arrêt par les grévistes de Storengy (sous-filiale d’Engie). « On a vu l’effet du 49.3, et sur les stockages et les terminaux méthaniers on n’est pas en reste », confirme Frédéric Ben, responsable national du gaz à la CGT Engie.

Dans son communiqué, la CGT Mines-Energie 41 déclare : « Avec l’utilisation du 49.3, le gouvernement a fait le choix d’un passage en force. Depuis cette annonce, les vannes des puits de gaz se ferment les unes après les autres. Le président Macron a réussi à mettre hors service tous les puits du plus gros site de stockage de gaz d’Europe ». Ajoutant : « Les syndicats FNME-CGT ont décidé de poursuivre et amplifier les actions. […] Le 49.3 n’a fait que renforcer la lutte, les énergéticiens ne lâcheront rien. »

« Les salariés grévistes en colère ont décidé d’arrêter les sites petit à petit, celui de Chémery vendredi. Celui de Céres, la semaine d’avant. » Les grévistes ont réduit le débit à 70 000 mètres cubes par heure, soit « le minimum technique pour ne pas endommager les machines » selon Laurent Chataignat, délégué du personnel CGT, cité par l’AFP.

Depuis le 7 mars, les 11 sites de stockage Storengy sont en grève, ainsi que l’ensemble des terminaux méthaniers de France (Elengy), au nombre de quatre. D’après Frédéric Ben, on compte 80 à 90% de grévistes sur les sites bloqués : « Ça fait depuis 1993, que je suis dans cette société, et je n’ai jamais vu une telle mobilisation, une telle détermination ».

La direction de Storengy, citée par Les Echos déclare que « cela n’a pas d’impact sur les livraisons, nous continuons à alimenter nos clients ». Tout comme elle la direction d’Engie, citée par l’AFP assure à propos de la mise à l’arrêt des sites de stockage que cela n’a pas d’impact concernant [ses] clients et la demande de gaz naturel ».

Une tranquillité affichée, que dément Frédéric Ben, aussi bien sur l’état des stocks : « Il y a zéro émission côté Elengy sur le réseau de GRT. On a très largement diminué les stocks de fin d’hiver. Le 7 mars on était à 50% de stocks et aujourd’hui on est à moins de 30% », que sur les terminaux méthaniers : « ce qu’il se passe sur les terminaux est très important. Ils sont hyper inquiets parce que l’activité est complètement à l’arrêt ».

Si la direction d’Engie minimise publiquement les effets de la grève, ses effets économiques se font bien sentir : « Je me suis entretenu avec Nelly Nicoli, la nouvelle directrice générale d’Engie aujourd’hui qui pleurait sur le fait que la grève leur coûtait 10 millions d’euros par semaine depuis le 6 mars et qu’il fallait à tout prix qu’on reprenne le travail. » conclut le syndicaliste.