Crédits photo : Eric FEFERBERG / AFP

Blanquer, le « ministre préféré » d’un gouvernement détesté

Avec le Grand Débat national, et à l’approche des élections européennes, le gouvernement s’illustre dans une tentative de rétablir l’ordre dans le pays, en apparaissant prompt au dialogue, mais aussi soudé et confiant pour l’avenir. C’est à cet exercice que s’est essayé Jean Michel Blanquer avec une certaine persévérance dans le dernier entretien qu’il a accordé au Parisien, jeudi dernier. Ainsi, ce moment a d’abord été pour lui l’occasion de réaffirmer un soutien sans faille à Emmanuel Macron, véritable éloge à Jupiter : un président qui « porte des valeurs de paix, de progrès, de développement durable, d’humanisme », et que la France a beaucoup de « chance » d’avoir en cette période pour le moins mouvementée. L’affaire Benalla est ensuite balayée d’un revers de la main, comme une affaire individuelle qui a pris bien trop d’importance, et que « l’esprit public » devrait oublier pour se pencher sur les vrais problèmes et enjeux de la période - l’impartialité de la justice et le tabassage de manifestant n’étant pas un problème capital aux yeux du ministre.

Le Parisien appuie à plusieurs reprises sur le « titre » de « ministre préféré des Français » de Jean Michel Blanquer, compliment que l’intéressé accueille « avec beaucoup d’humilité et de recul ». En effet, contrairement à ce que suggère cet échange de civilités, le recul apparaît ici absolument nécessaire : si trouver une quelconque fierté à être le ministre préféré d’un gouvernement haï, à l’image du ministre de l’intérieur devenu figure d’une répression sanguinaire, semble déjà peu ambitieux, l’amour des Français pour Blanquer reste en plus très relatif ! Un simple coup d’œil aux mobilisations lycéennes contre la réforme du BAC et ParcourSup, ou encore aux grèves et occupations d’établissement contre son projet réactionnaire de « l’école de la confiance » est suffisant pour mettre la préférence des Français pour leur ministre de l’’éducation nationale et de la jeunesse bien à distance.

« ni droite ni gauche » ? A droite toute !

Alors quand on lui pose la question, c’est avec cette posture de dialogue affichée que Blanquer se saisit d’une proposition qui semble tomber à pic. L’homme qui dit éprouver à l’égard du projet républicain et de l’éducation des jeunes Français un sentiment qualifié de « ni de droite ni de gauche », se déclare immédiatement « ouvert » sur la question de la suppression d’un jour férié, apparemment plébiscitée par les lecteurs du Parisien. « Je ne pense pas que ce soit le remède à tous nos problèmes, mais c’est un sujet de réflexion auquel je suis ouvert » précise le ministre.

Retour en force des drapeaux français et chants patriotiques dans les classes, suppression de jours fériés... autant de signaux envoyés à la droite au moment où Macron, dont l’aile gauche a décroché, s’évertue à consolider sur sa droite un bloc autour du « parti de l’ordre. »

Suppression de jours fériés, suggestion de multiplier les « journées de solidarité » (journées de travail non payées pour les salariés), jours de carences pour le public et le privé : voici donc le visage de « l’ouverture » politique de Blanquer, à l’image de celle du gouvernement Macron : ouverture à droite.