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Brésil

Bolsonaro visé par l’ouverture d’une enquête préliminaire après les accusations de Sergio Moro

À la suite des accusations d’ingérences politiques au sein d’affaires judiciaires de Sergio Moro contre Jair Bolsonaro, une enquête a été ouverte à l’encontre de ce dernier. Cet évènement est un élément supplémentaire et majeur dans la crise politique que connaît actuellement le pays, nourrissant le débat autour d’un éventuel impeachment du président brésilien.

Natacha Lubin

28 avril 2020

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Lundi 27 avril, le juge Celso de Mello, siégeant au Tribunal suprême fédéral, a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire visant à savoir si des infractions ont été commises par Bolsonaro, et si celles-ci relèvent notamment de ses fonctions présidentielles. Le chef de l’Etat brésilien est accusé de sept infractions, dont celle d’obstruction à la justice, illustrée par des discussions via Whatsapp qu’a dévoilé l’ancien juge Sergio Moro, à la télévision. Dans les discussions dévoilées, apparaissent des menaces de la part du président à l’encontre de son ex-Ministre de la Justice et de la Sécurité, pour changer le chef de la Police fédérale et proche de Sergio Moro, Mauricio Valeixo, au profit d’Alexandre Ramagem, ami des fils Bolsonaro.

En cas de confirmation des propos et accusations de Moro, l’affaire pourrait être un tournant à cette crise, puisqu’elle permettrait à la Chambre des députés d’autoriser le Tribunal suprême fédéral à ouvrir une enquête formelle, qui elle-même en cas de preuves pourrait amener le Congrès à devoir se prononcer sur l’ouverture d’une procédure de destitution. Si la perspective d’un départ de Jair Bolsonaro à la tête du Brésil peut sembler à première vue une bonne nouvelle, elle est cependant à questionner au vu du contexte et de ses possibles issues.

D’abord, il n’est pas sûr qu’il y ait une opposition de gauche suffisamment unie à la Chambre des députés, alors que Bolsonaro est déjà en train de tenter des rapprochements avec des partis politiques du centre. D’autre part, le procédé risquant d’accroître la profonde instabilité actuelle que connaît la société brésilienne, ce ne serait pas un choix judicieux pour les élites, qui se doivent de vendre un semblant d’équilibre politique et économique à leurs potentiels investisseurs et partenaires, afin de garantir leurs profits.

Mais plus important encore, l’impeachment de Jair Bolsonaro signifierait l’arrivée au pouvoir de l’armée à travers la figure du vice-président général Hamilton Mourão, connu pour sa nostalgie de la période dictatoriale au Brésil. Il est donc plus que jamais nécessaire de scander non pas seulement « Bolsonaro démission » mais « Bolsonaro et Mourão démission », au risque d’une complète chute du Brésil dans un régime totalitaire. Le simple processus de destitution du président brésilien n’est donc pas la panacée aux nombreux maux touchant le pays. Par ailleurs, il faut également rappeler que la démission et les révélations faites par Sergio Moro ne relèvent absolument pas d’une soudaine « prise de conscience » ni d’un élan de générosité. Moro a indéniablement sa part de responsabilité dans la crise que connaît le pays, à commencer par son implication dans l’élection de Jair Bolsonaro en octobre 2018.

À contre-courant des politiques complaisantes menées ces dernières années par le PT et d’autres partis réformistes ainsi que les bureaucraties syndicales, ayant mené à un recul des acquis politiques et sociaux, la classe ouvrière doit remettre en cause le système tout entier, et ne pas accepter les fausses alternatives proposées par la bourgeoisie. Cela pourrait notamment se traduire par la formation d’une Assemblée Constituante libre, où les travailleurs prendraient des décisions sur des sujets importants pour les classes populaires, et s’unir contre les classes dominantes qui n’hésitent plus à être anti-démocratiques et autoritaires.


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