Le président brésilien Jair Bolsonaro et son nouveau ministre de l’Éducation Carlos Alberto Decotelli

Ces derniers mois, les démissions successives de différents ministres du gouvernement brésilien semblent être devenues monnaie courante. Leur remplacement par des militaires aussi. Le 18 juin, le ministre de l’Éducation Abraham Weintraub a démissionné au milieu des polémiques racistes, et a été remplacé par l’officier de réserve de la marine Carlos Alberto Decotelli, le premier ministre noir depuis l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir.

Cette désignation est faite dans un pays secoué par une situation plus que critique en raison des plus de 50 000 décès de coronavirus, mais aussi bouleversé par les mobilisations contre la mort des personnes noires causée par les violences policières, le covid-19 et la crise économique. Le meurtre brutal par balles d’un garçon de 14 ans par la police à la mi-mai à Rio de Janeiro a relancé le débat sur le racisme au Brésil. Par la suite, les grandes manifestations qui se sont levées à échelle internationale après l’assassinat de George Floyd pour crier que la vie des personnes noires compte ont trouvé également un grand écho au Brésil.

Cependant, cette réaction timide face à la révolte de mettre un homme noir dans l’équipe ministérielle brésilienne peut même être interprétée comme une provocation, car Carlos Alberto Decotelli da Silva ne représente en aucun cas la lutte contre les oppressions qui prenne de plus en plus de l’ampleur, mais il a par contre un parcours qui répond parfaitement aux intentions de Bolsonaro : un officier de la réserve de la marine en plus d’être un économiste lié aux intérêts de la finance et de l’agroalimentaire. Sa seule expérience dans l’éducation a été à la tête des Fonds National de Développement de l’Éducation, aussi sous le gouvernement de Bolsonaro, un passage qui a laissé par ailleurs des contrats sous la suspicion de corruption.

Decotelli n’est qu’un serviteur de plus de la bourgeoisie, représentant d’un gouvernement d’extrême droite, xénophobe et raciste, qui est devenu un exemple mondial en étant l’un des pires exemples de gestion de la crise sanitaire. Face à la négligence, aux provocations, à la militarisation du gouvernement brésilien, il est clair que la seule issue est l’organisation des travailleurs et travailleuses, qui font tourner le pays même en pleine pandémie, pour en finir avec ce gouvernement honteux et lutter pour une société réellement libérée de toute oppression et exploitation.