Alors que des incendies historiques monstres ravagent le Canada depuis début mai, les vagues de chaleur successives autour du bassin méditerranéen ont créé des conditions propices pour de graves incendies. Une augmentation des risques et de l’ampleur des incendies, sur laquelle alertent de longue date les scientifiques. Encore en mai, un rapport de l’OCDE, prévenait que « à l’échelle mondiale, la saison des incendies avait augmenté de 27% depuis 1979 » notamment avec un allongement des saisons d’incendies dans le Sud de l’Europe, à l’Ouest des États-Unis, en Asie Centrale et de l’Est, plus globalement en Afrique et en Amérique du Sud.

Carte de l’évolution cumulative de la durée (en jours) de la saison des incendies entre 1979 et 2019, de la saison la plus réduite en violet à la plus élevée en marron (OCDE ; Jones, M. et al. (2022), “Global and regional trends and drivers of fire under climate change”) 

Bien que la durée des saisons d’incendies ne témoigne pas toujours de leur gravité, le rapport indique aussi que les incendies les plus extrêmes ont aussi augmenté, avec, en plus des risques directs qu’ils font peser, des impacts de plus en plus dangereux sur la santé à long terme des populations, : maladies respiratoires et cardiaques, troubles neurologiques à cause des particules fines rejetées par les incendies.

34 morts en Algérie, une situation chaotique en Grèce et en Italie : les feux ravagent la Méditerranée

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses régions du bassin méditerranéen sont frappées par des vagues de chaleurs et des incendies monstres. Ainsi, dans le Nord de l’Algérie, où les températures ont atteint des pics à près de 48°C, 34 personnes sont décédées à cause des incendies provoqués par 97 départs de feux, notamment dans la région de Toudja en Kabylie. Pendant la nuit de dimanche à lundi, de nombreux habitants et une dizaine de militaires venus pour une opération d’évacuation, se sont retrouvés encerclés par les feux, pendant leur sommeil, provoquant la mort de 15 personnes et faisant 26 blessés. 1500 autres personnes ont dû être évacuées Selon des témoignages repris par un article du journal TSA et recueillis par la chaîne de télévision BRTV : « C’est en tentant de fuir que la plupart des victimes sont décédées. Le premier réflexe était donc de quitter les maisons exposées aux flammes, mais c’était déjà trop tard. Le feu avançait rapidement à cause de vents très forts et le village s’est retrouvé entièrement encerclé par les flammes ». En Tunisie, des incendies se sont également déclarés dans des zones frontalières avec l’Algérie et 300 personnes ont dû être évacuées en raison des feux dans le Nord-Ouest, quand la capitale Tunis a connu des températures atteignant 49°C lundi.

Alors que les incendies semblent sous contrôle en Algérie et en Tunisie, le « brasier climatique » se poursuit, en Italie, en Grèce, en Croatie et au Portugal mais également dans le Sud de la France et en Turquie.

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En Italie, de violents orages dans le Nord, combinés à des incendies dans le Sud, ont causé la mort de 7 personnes, notamment à Palerme où des habitants décrivent une situation irrespirable et chaotique, où les incendies se rapprochent dangereusement des habitations et des routes, amplifiée par des températures proches des 47°C et des vents violents. Les pompiers, dépassés, décrivent eux aussi une situation « critique », comme le commandant forestier sicilien de la ville de Piana Degli Albanesi : « Nous avons eu beaucoup de mal à récupérer tous les hommes nécessaires, même ceux qui étaient au repos », l’état d’urgence pourrait ainsi être annoncé sur l’île.

#palermo #Sicilia LA SITUAZIONE È GRAVE NON RESPIRIAMO pic.twitter.com/4UarDwVamJ

— ꪖꪑꪖꪀꪊ (@Amaaaaanu) July 25, 2023

De la même manière, en Grèce, la situation est toujours hors de contrôle. Ce mercredi est considéré comme « le jour le plus difficile de l’été », par le porte-parole du service des pompiers grecs, Ioannis Artopios, avec plus de 90 départs de feux dont 61 dans les dernières 24 heures. Ainsi, plus de 30 000 personnes ont été évacués de l’île touristique de Rhodes ce week-end et de nouveaux ordres d’évacuation de la périphérie des villes de Volos et Lamia dans le centre du pays.
 
Cependant, les conditions d’évacuation ont été vivement critiquées par la population, tant par son manque de préparation que par le tri social effectué par les secours. Par exemple, John, un habitant modeste de Mandra près d’Athènes, témoigne dans le journal Reporterre de son évacuation : « Personne n’est venu ici nous sauver, ni des pompiers ni des avions, est-ce normal ? [...] Nous étions seuls, livrés à nous-mêmes, pendant qu’ils allaient secourir des gens dans des zones plus riches » ou encore Sotiria : « Ces gens ont été abandonnés, ils étaient seuls, ce n’est pas normal. Ils [le gouvernement] se foutent du bien-être des gens ». L’article explique alors que, dans ce quartier modeste, c’est la population délaissée par les services de secours, qui a dû faire face aux flammes tentant d’éteindre l’incendie avec des tuyaux d’arrosage ou des bassines d’eaux ou en dormant sur les toits de leurs maisons saccagées par les flammes. 

De la même manière, des agences de voyage et la compagnie aérienne briseuse de grève, Ryanair ont continué de promouvoir des vols en direction de l’île de Rhodes tout le week-end alors que les incendies s’intensifiaient et l’évacuation de l’île commençait. 

Alors que des incendies mortels font rage, que les températures battent des records, que des populations vont subir plus durement les conséquences de ces incendies, et des scientifiques sont « choqués par la férocité du réchauffement climatique », les patrons de Ryanair, continuent leur politique écocide, comme ceux des patrons des multinationales pétrolières, responsables du réchauffement climatique et de son accentuation. Face à une situation qui dépasse même certains scientifiques, il faut faire émerger par le bas une réponse à la hauteur des enjeux, contre la destruction du vivant.