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Palestine

Colonisation en Cisjordanie, attaque du Hamas à Jérusalem : une trêve toujours plus précaire à Gaza

Ce jeudi, la trêve à Gaza entamait son septième jour et devrait se poursuivre à minima jusqu’à vendredi matin. Malgré les demandes internationales, Israël a refusé un cessez-le-feu permanent et Netanyahu a menacé de relancer la guerre.

Joël Malo

30 novembre 2023

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Colonisation en Cisjordanie, attaque du Hamas à Jérusalem : une trêve toujours plus précaire à Gaza

Depuis la conclusion de l’accord entre Israël et le Hamas la semaine dernière, la libération des otages israéliens et palestiniens rythme l’actualité. Lundi, alors qu’elle arrivait à son terme, la trêve a été prolongée jusqu’à jeudi matin puis de nouveau pour 24 heures, jusqu’à vendredi à 7 heures du matin. L’accord a été prolongé selon les termes des derniers jours, à savoir la libération de 10 otages israéliens contre 30 prisonniers palestiniens.

Dans la journée de jeudi, deux otages ont déjà été libérés à l’heure où nous écrivons ces lignes, tandis que huit autres libérations sont attendues. Ainsi, 100 des 240 otages retenus à Gaza ont été libérés contre 210 Palestiniens pour le moment. Un chiffre à rapporter au nombre de Palestiniens faits prisonniers ces deux derniers mois en Cisjordanie. Ainsi, selon les chiffres de la Palestinian Prisoner’s Society, plus de 3000 Palestiniens ont été arrêtés depuis le 7 octobre, dont 168 depuis le début de la trêve !

Les pourparlers entre les deux parties semblent se compliquer à mesure que la plupart des femmes et des enfants détenus par le Hamas sont libérés. Les négociations pourraient maintenant inclure une modification du nombre de prisonniers palestiniens à libérer, car les otages restants du Hamas sont principalement des hommes et des soldats israéliens. Cela pourrait également être saisi comme un prétexte par Israël pour rompre la trêve, comme le confie au Financial Times, une source proche des négociateurs réunis au Qatar.

La trêve est d’autant plus précaire qu’en parallèle l’accélération de la colonisation et des crimes de l’armée et des colons en Cisjordanie se poursuit. Comme le rapporte Middle East Eye, les forces armées israéliennes ont lancé ce mercredi 29 novembre un assaut généralisé sur un camp de réfugié à Jénine. De nombreuses images diffusées sur les canaux Telegram locaux montrent des soldats de Tsahal, des blindés légers et des bulldozers militaires opérer dans le camp. Une opération suite à laquelle deux enfants de 8 et 15 ans ont été tués. Jeudi matin, une heure après que la trêve a été rallongée, le Hamas a revendiqué une attaque de deux membres des brigades Al-Qassam contre des civils à Jérusalem qui a fait 3 morts et six blessés, comme une « une réponse naturelle aux crimes sans précédent de l’occupant [Israël] dans la bande de Gaza et contre des enfants à Jénine » et appelant à une « escalade de la résistance ».

Dans le même temps, à la frontière libanaise les bombardements continuent de s’intensifier. Plus d’un mois après la révélation d’utilisation de phosphore blanc à Gaza par Tsahal, de premiers témoignages de l’usage de cette arme chimique sur des civiles libanais ont été publiés mercredi.

Une situation qui risque de rendre plus difficile la poursuite des négociations qui ont résisté jusque-là à quelques échanges de coup de feu dans la Bande de Gaza et à des retards de livraison de l’aide humanitaire très limitée qu’Israël s’est engagé à laisser entrer dans Gaza. Le gouvernement de Netanyahu a de toute façon toujours présenté la trêve en cours comme une simple pause afin de libérer les otages avant de reprendre de plus belle, à « pleine force » pour reprendre les mots de Yoav Gallant, le ministre de la Défense.

Pour l’heure cependant, malgré des contradictions croissantes, la trêve pourrait perdurer. D’abord parce que la situation semble convenir à Tsahal qui peut profiter de cette trêve pour se réorganiser, réparer ses véhicules, adapter ses plans et poursuivre son travail de renseignement.

Ensuite, parce que l’armée israélienne doit désormais composer avec la pression des Etats-Unis qui veulent inciter l’Etat colonial à poursuivre ses crimes d’une manière plus présentable pour l’opinion internationale. Et d’abord pour l’opinion américaine sur laquelle compte « Genocide » Joe Biden, comme l’ont surnommé les manifestants étasuniens, qui craint de perdre une partie déterminante de son électorat pour les élections de 2024. Anthony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, qui a rendu visite jeudi au Président israélien, Isaac Herzog, a appelé Israël à « protéger les civils » qui ont été forcés de se réfugier en masse dans le Sud de Gaza et qui sont les prochaines cibles de l’aviation israélienne. Alors que le journal israélien +972 Magazine vient de publier une enquête attestant que l’armée israélienne vise sciemment à provoquer le plus de pertes civiles possibles à Gaza, le gouvernement américain réclame une intervention plus « 
chirurgicale ».

Enfin, parce que si l’opinion publique israélienne semble toujours unanime quant à la nécessité d’une « réponse » terrible à Gaza, Netanyahu est sévèrement critiqué depuis plusieurs semaines pour son « manque d’empathie » à propos des otages israéliens et doit également composer avec un fort mouvement de la société civile, emmené par les familles des otages qui lui demandent d’agir à n’importe quel prix pour la libération de tous les otages. La poursuite des bombardements de la Bande de Gaza sont autant de menaces sur la vie des otages encore retenus. Le cas d’une mère et de ses deux enfants, retenue à Gaza et qui auraient été tué dans des bombardements selon le Hamas, en est le symbole. De l’autre côté, l’extrême droite exerce une pression constante pour une reprise rapide des combats.

En résumé, alors que l’étau se resserre pour Israël sur fond de pression internationale croissante pour l’arrêt de l’intervention militaire israélienne après huit semaines de bombardements israéliens et de campagne terrestre à Gaza et près de 15 000 Palestiniens morts, la poursuite de la trêve permet à Tsahal de se dégager un peu de temps. Une situation qui ne devrait pas durer tant Israël semble entièrement assumer la nécessité de poursuivre une offensive radicale sur Gaza, ses ministres revendiquant la semaine dernière encore l’idée d’une nouvelle « Nakba ». Une perspective mise en pause donc, mais qui reste d’actualité. Ce jeudi, Netanyahu affirmait d’ailleurs « sans équivoque » que les combats reprendront après le retour des otages.


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