Alors que les négociations sur le « nouveau pacte pour la vie au travail » entre les organisations patronales et les directions syndicales ont constitué une impasse, ouvrant le champ au gouvernement pour de nouvelles attaques contre l’assurance chômage, de nouvelles discussions se sont poursuivies avec les organisations patronales autour du Compte épargne temps universel (CETU) et des reconversions professionnelles. Des discussions en petit comité, puisque le MEDEF et la CPME ont refusés tout net de négocier sur le sujet, laissant les syndicats face à la seule U2P (Union des entreprises de proximité).

Le projet d’accord Compte épargne temps universel (CETU) prévoit la mise en place du compte épargne temps dans les entreprises, c’est-à-dire d’un système permettant aux salariés de mettre de côté des jours de congé chaque année, dans la limite d’une semaine par an, pour les utiliser plus tard, sous conditions. Promesse électorale du candidat Macron, et cheval de bataille de la direction de la CFDT, qui n’a eu cesse de le plébisciter dans le cadre notamment du débat sur les retraites, le projet s’inscrit dans une pure logique néolibérale, avec l’individualisation du salarié.

Sous le prétexte de donner plus de flexibilité, l’objectif est d’institutionnaliser le principe de l’économie des congés payés. Face à la baisse des salaires réels, il s’agirait de donner les outils au salarié pour lui permettre de mieux gérer son temps de congés tout au long de sa carrière. L’utilisation même de ces congés économisés est particulièrement verrouillée pour les salariés, qui, à quelques exceptions près, ne pourront utiliser le contenu de leur compte qu’à la condition d’avoir 36 mois d’ancienneté dans l’entreprise.

Alors que la CFDT et la CFTC se félicitent, Isabelle Mercier, négociatrice CFDT, déclarant que « les modifications qu’on demandait ont été apportées. On a été plutôt entendu » et que FO, moins convaincu mais signataire tout de même, tient à préciser par la voix d’Hélène Fauvel que si « certains y tiennent, nous n’avons pas l’intention de les gêner », le projet est à rebours de toute avancée sociale. Au lieu de porter une réflexion générale et collective sur le temps de travail et sa meilleure répartition, le CETU veut faire croire que la gestion par les salariés de leurs congés est une avancée.

L’autre effet délétère d’un tel accord, s’il aboutissait, serait une nouvelle fois de dévier la colère du monde du travail vers des éléments totalement périphériques, éloigné des vraies questions et urgences de millions de salariés dans le pays que sont notamment les salaires, l’inflation et la répression syndicale acharnée.

A l’arrivée, si le projet d’accord venait être confirmé lors de l’ultime séance mardi prochain, le gouvernement pourrait être amené à généraliser à l’ensemble des branches une mesure de son programme, et offrir à peu de frais un accomplissement de promesse de campagne à Macron, tout en ajoutant une pierre à l’édifice néolibéral pour toujours plus d’individualisation des travailleurs.