Alors que nous savions que sous la présidence Hollande des textes de loi permettant l’ouverture à la concurrence d’une partie du trafic ferroviaire français étaient réfléchis dans les salons feutrés des lobbyistes, l’arrivée à Matignon d’Emmanuel Macron ouvre une voie plus décomplexée. Dans les premières fuites, et dans un article de Révolution Permanente, seul une partie du trafic de certaines régions pouvait être soumise à un appel d’offre d’opérateur privé, dans le but de préparer la SNCF à la concurrence dixit Guillaume Pepy. Aujourd’hui il en est autrement, la vision ultra libérale de notre président se fait l’écho de tous les acteurs de la destruction de la SNCF et par là du service public, les biens nommés : Guillaume Pepy président de la SNCF, Patrick Jeantet président SNCF réseau, Philippe Richert président de l’Association des Régions de France, et autres sans nom mais néanmoins influents.
De plus, une notion sous entendue dans le projet initial se voit clairement prise en compte : celle du transfert de personnel et ce n’est pas rien. Même s’il s’inscrit dans le projet que la rémunération sera la même et que seul les règles de travail changeraient, il ne s’agit là que d’un enfumage grossier car il ne parle aucunement de taux horaire. Sachant que pour la plupart des cheminots la paye comporte des EVS ( Éléments Variables de Solde, à savoir par exemple l’argent qui correspond au travail de nuit, aux déplacements, etc.) et permet à la SNCF de pratiquer des salaires bruts plus bas que dans le privé, une garantie de paye équivalente ne présage rien de bon, sinon la perte des ces primes. Le transfert des chauffeur de Ouibus pour la compagnie Faure en est l’exemple.
Le calendrier de négociations entre la SNCF et les régions pour les conventions donneront le ton et rythmeront une éventuelle libéralisation totale et immédiate du trafic français, car si le décret passe nombres de régions auront déjà négocié des contrats de 5 à 8 ans, ce qui isolera encore plus les régions mal placées sur le calendrier. Certains y verront un manque, ou pas, de chance mais comme dans un casino le seul gagnant restera le propriétaire. D’ailleurs le discours de la SNCF sur sa difficulté à trouver du personnel n’en est pas moins que de l’attentisme patenté, et les réformes du code du travail un Graal. Mais tout comme pour le reste des réformes au code du travail que veut mettre en place le gouvernement Macron, il est évident que la seule manière d’éviter une privatisation totale et la destruction du service public ferroviaire, dans l’intérêt des cheminots, mais aussi des millions de travailleurs usagers, sera de construire le rapport de force, par la grève et la mobilisation de l’ensemble des cheminots, en alliance avec les usagers. C’est la seule manière de faire reculer le gouvernement et la direction de la SNCF sur leur plan de la casse du service public ferroviaire. Et visiblement, avec le gouvernement Macron en place et sa majorité toute fraîche, nous avons pas de temps à perdre.