Une attaque sans précédent

Si entre 2011 et 2014 le groupe, alors sous la direction d’Henri Proglio, avait embauché 20 000 nouveaux salariés, c’est bien à présent d’au moins 6% qu’il souhaite réduire son effectif. Selon différentes estimations, cela pourrait représenter la suppression de 5100 postes au sein d’EDF SA, ce qui signifie que les filiales telles qu’Enedis (ex-ERDF) et Réseau de transport d’électricité (RTE) ne seraient pas concernées. Si, pour l’instant, il n’y a pas de de licenciements secs en perspective mais seulement des départs à la retraite, parfois anticipés, non remplacés, on sait que, dans bien des cas, les départs ne sont pas toujours vraiment « volontaires », mais surtout que cela signifie bien souvent l’augmentation des cadences pour les autres.

Pour justifier ces licenciements, l’entreprise met en avant un marché économique jugé « difficile » et sa future réorientation économique. En effet, les différents axes stratégiques du CAP 2030 initié par EDF prévoient d’accélérer le développement des énergies renouvelables tout en assurant « sûreté » et « performance » du parc nucléaire français. Mais le groupe souhaite également accentuer le volet recherche et développement notamment en termes de solutions d’économies d’énergie auprès des clients (isolation,…). Cela implique que la production et la vente d’énergie ne soient plus les seules activités du groupe, qui élargit désormais son offre vers le secteur des services, tout en s’implantant hors de l’hexagone.

Ouverture à la concurrence et gestion désastreuse

Mais en réalité, les travailleurs payent les pots cassés de la politique pro-patronale et désastreuse de l’Etat depuis plusieurs décennies.
D’abord, l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie : si elle n’a pas permis de faire baisser les prix (qui sont au contraire en forte hausse) comme cela avait été promis, elle a, en revanche, renforcé les pressions qui pesaient sur les salariés du groupe. En effet, cela pousse EDF à augmenter toujours plus sa rentabilité, d’autant plus que seul 5% du tarif n’est pas réglementé et est véritablement soumis à concurrence. Et pendant ce temps-là, EDF continue de verser de juteux dividendes aux actionnaires, au premier chef à l’Etat français, qui a siphonné ainsi plus de 20 milliards d’euros en 10 ans.

De plus, depuis plusieurs années, alors que de nombreux rapports ont pointé du doigt la vétusté du parc nucléaire français, EDF a visiblement préféré attendre le dernier moment pour ouvrir les yeux et,

sous la contrainte, mettre la main au portefeuille. Cette procrastination délibérée et irresponsable, ce sont aujourd’hui les salariés qui la payent, ou du moins les chômeurs et les futurs diplômés d’aujourd’hui.
Mais le patronat n’est pas seul dans l’affaire puisque l’Etat, qui est l’actionnaire majoritaire, détient près de 85,6% du capital d’EDF.

Des projets à la pelle, un PDG millionnaire et… un plan de licenciements

En dépit de cette gestion de l’entreprise aussi hasardeuse que risquée, EDF veut renouveler son offre en multipliant les chantiers et le dogme du nucléaire continue : grand carénage estimé à 51 milliards d’euros, un projet d’EPR en Angleterre (15 milliards d’euros) et à Flamanville (10 milliards d’euros) tout comme le fameux sauvetage d’Areva (2,5 milliards d’euros). Mais plutôt que de faire des économies là où il peut, comme sur son salaire de PDG avoisinant les 40 000 euros mensuels, Jean-Bernard Levy préfère opérer ces grandes mutations de l’entreprise par une cure d’austérité… mais pour les autres, en supprimant des postes et en gelant les salaires de ceux qui restent.

Voilà à quoi ont mené des décennies de gestion désastreuse et d’ouverture à la concurrence. La seule solution viable pour EDF, ce serait de nationaliser le secteur de l’énergie, sous contrôle des travailleurs et de la population, seul moyen de garantir l’emploi et la sureté des installations nucléaires.