Le parallèle est saisissant. Ce vendredi 15 mars, dans le cadre de la grève mondiale pour le climat, des millions de jeunes ont défilé partout dans le monde, dont 168 000 en France. Au même moment, en France, l’Assemblée Nationale a repoussé de 3 ans l’interdiction de la fabrication de certains pesticides, jugés polluants et interdits à échelle européenne. Sacré paradoxe, alors que le gouvernement prenait la posture écologiste pour chercher à discréditer le mouvement des Gilets Jaunes dans les premières semaines de la mobilisation.

Il s’agit d’un vrai recul, puisque le gouvernement avait repoussé à l’interdiction de fabrication de ces pesticides en 2022 (et donc, 2025 aujourd’hui, soit après la fin du quinquennat). A l’origine, le Sénat, majoritairement à droite, avait purement et simplement supprimé cette interdiction du texte initial de la loi Pacte. Tiraillé entre la volonté de ne pas subir la débâcle, et l’ambition de braconner sur la droite la base sociale des Républicains, qui vit au rythme de la crise ouverte avec le fiasco Fillon à la dernière présidentielle, Emmanuel Macron a donc composé...

Si la question a divisé au sein de la majorité parlementaire, c’est le vernis écologiste de la Macronie, déjà mis à mal après le départ du gouvernement de Nicolas Hulot l’été dernier, qui en prend un coup. Pourtant, c’est bien le discours des grandes multinationales produisant ces pesticides et réalisant de juteux profits hors Union Européenne qui est aujourd’hui reprit mot pour mot par Bercy. Avec un argumentaire cynique, Roland Lescure, économiste et député LaREM, a ainsi expliqué que cette interdiction amènerait à ce que la production « se déplace de quelques centaines de kilomètres et que l’impact pour l’environnement soit nul ». Si Lescure n’a pas poussé le vice jusqu’à dire que le report de cette interdiction était un geste écologiste, la ficelle reste grosse.

Cette nouvelle péripétie institutionnelle illustre l’impossibilité de concilier capitalisme et écologie, tant les intérêts économiques des grandes multinationales dépendent de la poursuite de la destruction de l’environnement. En ce sens, il est indispensable qu’il y ait des suites aux mobilisations écologistes de mi-mars, convergeant avec la mobilisation des Gilets Jaunes et cherchant à entraîner dans le combat d’autres secteurs, notamment du monde du travail, pour un mouvement massif et de grève à même de mettre en échec Emmanuel Macron et les grands patrons.

Crédit photo : Denis Allard