Encore une fois, la précarité responsable

Alors que depuis plusieurs années, les salariés d’ArcelorMittal dénoncent les mauvaises conditions de travail et les manquements à la sécurité, il ne fait nul doute qu’il n’y a pas à chercher plus loin les causes de tant de morts au travail. Interviewé par France Bleu, Alain Audier, secrétaire général CGT du site, évoque « des problématiques d’entretien des installations, d’effectif, de précarité démultipliée », et pointe du doigt le recours à la sous-traitance. « Ils travaillent sur des installations qui malheureusement se sont pas à la hauteur en termes de sécurité, de mise à niveau, d’entretien et de maintenance ». Une fois de plus, la victime est un salarié précaire, embauché par une entreprise sous-traitante. Car même dans ces métiers à haut risque, l’industrie se permet de recourir à des travailleurs peu formés, au péril de leur vie.

Quand le patronat se défile de toute responsabilité

Le patronat et les médias à leur service chercheront probablement, comme à l’habitude, à se dégager de toute responsabilité : alcoolémie, moment d’inattention, un coup de fil, peut-être ? C’est ce que titrait honteusement France 3 en décembre : « Le salarié tué par une chargeuse était-il au téléphone ? » Les patrons de l’aciérie et d’ailleurs commencent à avoir l’habitude de traiter les cas de morts au travail : enquête dont on ne saura rien, recherche de responsabilités extérieures, « cellule psychologique » pour les salariés… et au bout du compte, l’impunité. Le processus devient routine, mais notre classe n’oublie pas. Des représentants d’ArcelorMittal feront sans doute semblant de s’émouvoir. Mais nous ne sommes pas dupes et nous ne croyons pas à leurs larmes de crocodile. Leurs psychologues, ceux-là même qui sont payés pour mesurer notre état d’esprit… nous n’en voulons pas.

#MarreDeCreverAuBoulot

Ce que nous voulons, la fin de la précarité au travail, la fin de la course aux profits meurtrière, que les capitalistes se payent avec nos vies. Parce qu’ils n’ont que faire de nos vies de travailleurs. Comment se fait-il que dans des métiers à si haut risque, on puisse lésiner sur les effectifs, les conditions de travail et de sécurité ? Alors non, nous n’acceptons pas qu’une mort au travail puisse être reléguée au rang de ces faits-divers classés sans suite. Chaque fois que l’un des nôtres meurt sur son lieu de travail, la responsabilité est à chercher du côté de ceux qui nous exploitent.