« J’ai ouvert les télécommunications à la concurrence. Vous pensez qu’il y aurait de l’Internet en France si on avait toujours France Télécom avec des fonctionnaires ? ». Voila exactement la déclaration dont s’est fendu François Fillon au CES, le très couru salon de l’électronique à Las Vegas.

Cette déclaration avait deux objectifs : d’un côté s’assurer une image « fana de technologie » et « geek » auprès des nombreux entrepreneurs français présents et de la jeunesse, essayer de se présenter comme un candidat « connecté » et « ouvert au progrès ». D’un autre côté il s’agissait de revendiquer sa politique libérale de casse du service publique de 1996, non sans tenter ainsi de rendre plus acceptable son projet de supprimer 500000 postes de fonctionnaires s’il est élu.

On se permettra avant tout de rappeler que ces fonctionnaires de France Telecom ont inventé le Minitel dans les années 1980 et l’ADSL en 1990, qui ont préfiguré la démocratisation de l’accès internet pour le grand public.

Voici un élément supplémentaire dans la belle histoire de Fillon et de l’Internet français : En 1996, il propose un amendement à la loi de « Réglementation des Télécommunications » permettant de censurer de façon indirecte Internet, en rendant responsable pénalement les fournisseurs d’accès des contenus ayant fait l’objet d’un « avis défavorable du Comité supérieur de la télématique ». C’est à dire que les fournisseurs d’accès étant responsables de ce qu’ils rendent accessibles, se voient contraints de censurer certains sites et certains contenus pour ne pas s’en porter garants devant la justice française.

Donc non seulement Fillon n’est pas le Messie de l’internet en France, mais de plus si son amendement n’avait pas été supprimé depuis un moment nous n’aurions donc accès qu’à un contenu limité, celui que l’État aurait bien voulu nous autoriser.

Enfin, toute cette histoire pas si jeune nous rappelle que Fillon ne l’est pas non plus, que son premier mandat législatif date de 1981 (il y a 36 ans), qu’il a été 6 fois ministre lors de sa carrière et premier ministre sous tout le mandat de Sarkozy, et qu’il cumule plus de 23 ans de mandats de sénateur et de député pour toute sa carrière politique.

Ces quelques chiffres pour rappeler aussi que cet homme, aujourd’hui en campagne pour la présidence de la république, qui

s’indigne et s’inquiète de l’état désastreux de son beau pays, n’est pas extérieur aux causes de cette situation, il en est même l’un des instigateurs.

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