Ce matin sur BFM TV, Apolline de Malherbe interrogeait Fabien Roussel, numéro 1 du PCF, revenant sur ses propos tenus ce week-end sur les frontières. « Est-ce qu’il aurait fallu davantage contrôler l’arrivée des travailleurs, des migrants qui viennent travailler en France ? Est-ce qu’il faut être plus ferme ? » Une question à laquelle le secrétaire national du PCF a répondu sans sourciller « Oui, il faut être plus ferme oui ».

Suite à cette réponse, qu’on penserait sortie de la bouche de Gérald Darmanin ou de tout autre représentant de la droite, Roussel n’a pas su répondre clairement à une autre question pourtant élémentaire que lui a posé la journaliste de BFM TV : « à ces migrants qui se retrouvent sur des petites embarcations et qu’il faut sauver et qu’ils viennent frapper à la porte d’une France et que vous êtes à la tête de l’État, vous dîtes quoi ? ». Une interrogation face à laquelle le chef du PCF a sorti la langue de bois expliquant : « je considère que chaque pays doit avoir sa politique et au sein de l’UE nous devons avoir chacun notre responsabilité d’accueil ».

Ces sorties viennent confirmer le discours souverainiste aux relents xénophobes tenu par Fabien Roussel lors du congrès du PCF qui s’est tenu ce week-end, au cours duquel il a été très largement reconduit à la tête du parti. Ce dimanche lors de son discours de clôture du congrès, censé donné l’orientation du parti, le secrétaire national avait affirmé : « regardez ce qu’ils ont fait de notre pays ! (…) Ils ont signé des traités de libre-échange, ils ont transformé nos frontières en passoires, ils ont laissé filer nos usines et ils reviennent la bouche en cœur en nous parlant de souveraineté ». Une déclaration qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux.

Dans un tweet, le compte officiel du PCF avait alors cherché à justifier la sortie de son secrétaire national en expliquant qu’il ciblait « la libre circulation des biens, pas des personnes ». Ses propos sur BFM TV ce matin démontrent qu’il n’en était rien, et que face à la possibilité de clarifier, Roussel persiste et signe.

Il ne s’agit ainsi pas d’un dérapage mais d’une ligne politique, qui défend des frontières meurtrières, à rebours de tous les principes de solidarité aux travailleurs migrants et sans-papiers, pour la régularisation des sans-papiers et la liberté. Des positions loin d’être inédites dans l’histoire du PCF, alors qu’au début des années 80, George Marchais pointait déjà « le problème des travailleurs immigrés » et lançait des appels à « stopper l’immigration officielle et clandestine », mais que Fabien Roussel cherche à remettre au goût du jour et à renforcer pour se démarquer de la France Insoumise depuis son arrivée à la tête du parti. Dans ce sens, en juin 2021, Roussel avait déjà expliqué sur CNews à propos des migrants déboutés du droit d’asile : « s’ils n’ont pas vocation à rester sur le sol français, ils ont vocation à repartir et être raccompagnés chez eux. »

Lors du Congrès de ce week-end, outre la déclaration aux relents xénophobes de Roussel, la direction du PCF a entre autres refusé d’inscrire le terme d’islamophobie dans ses textes, expliquant qu’il « n’apporte rien et au contraire ouvre des problèmes », mais aussi celui de « violences policières ». Des prises de position qui reflètent la stratégie du parti qui croit pouvoir séduire les travailleurs et classes populaires en jouant sur le terrain de l’extrême-droite, brouillant le discours sur les frontières ou se positionnant en soutien ouvert aux forces de police.

Une orientation chauviniste, souverainiste et pro-flics dans le cadre de laquelle Roussel avait même fait de multiples clins d’œil à la droite et au gouvernement, en déclarant son admiration envers Gérald Darmanin et en condamnant les « violences » de Sainte-Soline. Et ce alors que le gouvernement mène une répression brutale contre le mouvement ouvrier et la jeunesse dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, et que le ministre de l’intérieur s’apprête à mener une opération quasi militaire d’expulsions massive et de destruction des bidonvilles à Mayotte.